Les violations des règles de l'urbanisme dans la commune d'Ouled Tayeb, présidée depuis de longues années par le parlementaire Rachid El Fayek, qui assure son deuxième mandat au Parlement, sont innombrables et inconcevables. En effet, les enquêtes menées par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) ont mis à nu la façon dont le député autorisait des ajouts d’étage, transformait des parkings en habitation ou en locaux commerciaux, ne respectait pas les marges de recul dans la construction et accordait des autorisations de construire sans aucun respect du plan d’aménagement de la commune.
Toutes ces irrégularités orchestrées par le député Rachid El Fayek, en complicité avec son frère Jawad El Fayek, président du Conseil préfectoral de Fès, privaient la commune de sommes d’argent importantes, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du week-end des 2 et 3 avril. En fait, selon le quotidien, les deux hommes faisaient la pluie et le beau temps dans la commune d'Ouled Tayeb.
Ils sont allés jusqu’à confectionner des procurations signées par des habitants au profit de Jawad El Fayek, président du Conseil préfectoral de Fès, afin de les exploiter pour activer un plan d’aménagement en leur nom. Chaque procuration était déposée en contrepartie d’une somme de 2.000 dirhams. De même, les autorisations pour un raccordement au réseau public d'eau potable, d'assainissement et/ou d'électricité n’étaient délivrées qu’en contrepartie de sommes d’argent.
Dans le lot des irrégularités, la BNPJ a également découvert que le député avait procédé à la création d'un lotissement sans l'obtention d'une autorisation administrative préalable, en accordant des autorisations de construire, en contrepartie de sommes d’argent oscillant entre 4.000 et 6.000 dirhams. Toute action était monnayée, a affirmé son chauffeur aux enquêteurs. L’abus de pouvoir et le trafic d’influence ont conduit le président de la commune à construire sans aucun respect des règles de l’urbanisme une résidence de trois étages avec une architecture atypique.
Des passages secrets ont été conçus pour permettre au président d’y accéder sans être repéré, de se rendre dans une autre demeure jouxtant la résidence dotée de caméras de surveillance sans être identifié ou de quitter les lieux sans être vu. Toutes les transactions douteuses s’effectuaient dans les bureaux de cette résidence.
Détenu à la prison de Bourkayz, le président Rachid El Fayek sera appelé à répondre à tout un lot de chefs d’accusation. Il est poursuivi par la Cour d’appel de Fès avec d’autres personnes, dont cinq en état de détention et neuf en état de liberté provisoire.