Fès: Transparency Maroc est-elle impliquée dans une affaire de trafic de diplôme?

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Revue de presseKiosque360. Un dirigeant de Transparency Maroc se trouve au cœur d’un scandale de corruption pour l’inscription et l’obtention d’un master en droit à la faculté de Fès.

Le 24/08/2018 à 22h03

L’affaire de l’obtention du master du droit des litiges publics moyennant 40 000 dirhams a connu un rebondissement spectaculaire après l’implication indirecte de Transparency International dans ce dossier. L’antenne marocaine de cette organisation qui lutte contre la corruption vient, en effet, de geler toutes les activités de son secrétaire général adjoint qui n’est autre que le professeur chargé de la coordination dudit master à la faculté de droit et d’économie de Dahr El Mehrez de Fès.

Les responsables de Transparency Maroc affirment que cette décision a été prise d’un commun accord avec le mis en cause, en attendant les conclusions des enquêtes administratives et judiciaires inhérentes à cette affaire. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet général suite à une plainte déposée par la présidence de la faculté. En parallèle, des enquêtes internes ont été diligentées par le ministère de l’Enseignement supérieur et la présidence de la faculté Sidi Mohammed Ben Abdallah.

Notre confrère Al Akhbar rapporte, dans son édition du samedi 25 août, que tout indique que le master du droit des litiges publics sera suspendu provisoirement cette année. La découverte de ce scandale coïncide avec une campagne anti-corruption menée par Transparency Maroc intitulée «La corruption n’est pas une fatalité». L’ONG a même organisé une semaine de transparence et de reddition de comptes dans plusieurs villes du Maroc au cours de laquelle elle a entendu l’opinion des jeunes sur ce fléau.

Ce faisant, Transpency Maroc a appelé les autorités concernées à faire toute la lumière sur ce dossier et à en informer l’opinion publique. Cependant, l’ONG demande à ce que les assertions contenues dans l’enregistrement sonore soient prises avec toutes les précautions nécessaires et que le principe de la présomption d’innocence soit respecté.

Rappelons que cet audio révèle la conversation entre deux individus supposés être un étudiant et un intermédiaire en train de marchander le prix à payer pour suivre et obtenir le master précité. Le négociateur déclare à son interlocuteur que le détenteur de ce diplôme pourra réussir facilement les concours d’accès à l’administration publique.

Transparency Maroc a indiqué que le gel des activités du professeur lui donne la liberté d’apporter des éclaircissements sur ce sujet et d’éviter toute interférence entre cette affaire et sa responsabilité au sein de l’ONG. Du coup, l’organisation pourra suivre, en toute neutralité et indépendance, l’évolution de ce dossier.

Selon des sources proches de ce dossier, les enquêtes administratives ouvertes dans cette affaire se focalisent sur les dossiers des étudiants qui ont poursuivi, par le passé, leurs études dans cette branche. Une manière de les comparer avec le contenu de l’enregistrement audio, notamment avec les propos de l’intermédiaire qui prétend qu’il a déjà inscrit dans ce master des étudiants en provenance de plusieurs villes.

Rappelons que ce master a été créé il y a douze ans quand le professeur Mohamed Laaraj, ministre de la Culture et de la communication (MP) dans le gouvernement Saad Eddine El Othmani, en était le coordinateur. Elu député en 2011 dans la région d’Al Hoceima, il a passé le flambeau à un autre professeur qui a quitté son poste en 2015 après quatre années d’exercice. Depuis, c’est le coordinateur actuel du master qui secoue toute la sphère universitaire.

Par Samir Hilmi
Le 24/08/2018 à 22h03