Les farces et les bizarreries inventées par le parti qui gouverne et ses appareils, après sept ans de gestion, semblent sans fin. La dernière extravagance a été faite par l’UNMT qui a décidé de se retirer du dialogue social face à un gouvernement dirigé par le PJD dont il est, pourtant, l’aile syndicale. Il est certain qu’il s’agit là d’une mauvaise plaisanterie «politique» puisqu’il est difficile de concevoir que des syndicalistes islamistes puissent, à la fois, boycotter l’Exécutif le matin et le soutenir le soir. L’UNMT a, en effet, voté, sans la moindre hésitation, la première partie du projet de loi de Finances présentée par le gouvernement devant la Chambre des conseillers. Au delà de toutes les chinoiseries du PJD et sa hantise maladive à vouloir exister dans la majorité et l’opposition, l’attitude de l’UNMT est on ne peut plus révélatrice. L’échec du dialogue social démontre que ce gouvernement, qui n’arrive même pas à rassurer son propre syndicat, est, par définition, incapable de répondre aux attentes des citoyens.
Ce qui est certain, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans un éditorial publié dans son édition de jeudi 6 décembre, c’est que le pouvoir exécutif est déconnecté de la réalité sociale. Le retrait des syndicats du dialogue social et l’élargissement du cercle des protestations des contribuables ne sauront sortir ce gouvernement de sa léthargie. Bien au contraire, l’exécutif va estimer qu’il n’est pas partie prenante, ni concerné par tout ce qui se passe dans notre pays et va se terrer, comme d’habitude, dans un mur de silence assourdissant. Il accusera, comme toujours, certains milieux de parasiter sa gestion, de tenter de le faire tomber et démembrer ses fragiles alliances. Mais quand la colère sociale prendra de l’ampleur, le gouvernement sortira de son silence pour condamner ce qui s’est passé ou feindre d’écouter les revendications des citoyens sans jamais passer à l’action.
C’est pour cela que le peuple ne s’attend pas à ce que l’Exécutif fasse des offres sérieuses face aux revendications des syndicats et de la classe ouvrière. Le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani imite celui de Benkirane, qui a joué avec le facteur temps pour terminer son mandat sans fournir aucune offre sociale. Bien au contraire, le précédent gouvernement a réussi à faire passer des lois sur les retraites qui réduisent le pouvoir d’achat de plus d’un million de citoyens. Il semble qu’El Othmani et compagnie emploient la même approche pour terminer leur mandat par la levée de la compensation sur les produits de base. Du coup, ils enfonceront les contribuables dans d’énormes difficultés, sans présenter la moindre recette pour sortir d’une crise sociale devenue étouffante.
Malgré l’appel royal demandant au gouvernement d’entamer un dialogue sérieux avec les syndicats pour arriver à un consensus social, rien n’a été fait jusqu’au jour d’aujourd’hui. Il est clair que ce gouvernement n’écoute personne et recule au lieu d’avancer. Ce faisant, les acquis les plus minimes réalisés par les précédents gouvernements risquent de devenir, un jour, de simples bons souvenirs.
Le quotidien Al Massae traite le même sujet, dans son édition du jeudi 6 décembre, en zoomant sur le retrait du dialogue social de l’aile syndicale du PJD. Le secrétaire général de L’UNMT, Abdelilah Hallouti a justifié le boycott de ces négociations par l’intransigeance du gouvernement et son refus d’améliorer son offre. Ce syndicat ne s’est pas contenté de se retirer: il a aussi adressé une lettre au gouvernement, lettre dans laquelle il lui demande de traduire ses bonnes intentions dans le projet de la loi des Finances. Le leader syndical a, dans une déclaration publiée sur le site de l’UNMT, demandé au gouvernement de «présenter une autre offre sociale avant l’approbation du projet de loi de Finances par le Parlement».
Le secrétaire de l’UNMT estime que les propositions du gouvernement, lors de la séance du lundi 3 novembre, n’ont pas évolué par rapport aux précédentes rencontres «Il aurait été plus pertinent de présenter de nouvelles propositions et de les soumettre à des négociations avant de les transmettre au comité national du dialogue social».
Abdelilah Hallouti rappelle que le succès du dialogue social dépend de toutes les parties, mais que le gouvernement assume une responsabilité plus grande étant donné les larges pouvoirs dont il dispose. Un avantage qui lui permet de répondre aux revendications justes et légitimes qui figurent dans une note revendicative qui lui a été soumise il y a quelque temps. Une lettre qui détaille les attentes des secteur public et privé, ainsi que celles d’autres dossiers ayant trait à la législation et aux libertés syndicales.