Le tribunal de première instance d’Essaouira vient de condamner une femme médecin exerçant au centre sanitaire de la municipalité de Talmsset à une peine de dix mois de prison ferme, assortie d’une amende de 10.000 dirhams. La même amende et une peine de huit mois de prison ferme ont été également infligées au chauffeur de l’ambulance de la commune de Talmsset. La femme médecin et le chauffeur de l’ambulance ont été poursuivis pour «négligence et non-assistance à personne en danger», rapporte le quotidien Al ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 7 janvier.
En fait, le tribunal a pris en compte les dégâts provoqués par cette absence non justifiée du médecin et du chauffeur de l’ambulance et ses conséquences sur la santé des patients. L’affaire remonte au mois de mai de l’année dernière, lorsqu’une femme enceinte avait été transportée à bord d’une ambulance, pour un accouchement d’urgence, à ce centre de santé de Talmsset.
Mais, précisent les sources du quotidien, la femme enceinte, qui était dans un état critique, n’a trouvé personne sur les lieux pour prendre soin d’elle et l’aider à accoucher. Ce qui a poussé son époux, après un parcours du combattant, à prendre une autre ambulance pour tranférer sa femme aux urgences de l’hôpital provincial Sidi Mohamed Ben Abdellah d’Essaouira, ce qui correspond à un trajet de soixante kilomètres que le couple devait parcourir à ses risques et périls. A quelques kilomètres de la ville d’Essaouia, la femme a accouché à bord de l’ambulance dans des conditions catastrophiques. Victime d'une grave hémorragie, elle rendra l’âme quelques instants plus tard.
L’information, poursuit le quotidien, a circulé comme une traînée de poudre dans la région, suscitant émotion, indignation et colère. La réaction de la société civile et des associations locales ne s’est pas fait attendre. En effet, plus de trente instances sont montées au créneau et signé une pétition commune appelant à l’ouverture d’une enquête, pour déterminer les responsabilités dans ce drame qui a secoué la région.
C’est ainsi que le parquet compétent a poursuivi la femme médecin et le chauffeur de l’ambulance pour «négligence et non-assistance à personne en danger».