Enseignement supérieur: les étudiants en médecine reportent leur marche nationale et se déclarent «ouverts au dialogue»

Lors d'un mouvement de protestation des étudiants de la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca.

En grève depuis des mois, les étudiants en médecine ont décidé de reporter leur marche nationale, initialement prévue du 25 avril au 6 mai, et se disent ouverts au dialogue avec leurs ministères de tutelle pour éviter une année blanche.

Le 26/04/2024 à 14h50

S’acheminerait-on vers un apaisement dans le bras de fer qui oppose depuis plusieurs mois les étudiants en médecine à leurs ministères de tutelle? Les derniers développements dans ce dossier laissent en tout cas présager une décrispation entre les parties.

Dans une interview accordée le jeudi 25 avril aux deux chaînes Al Oula et à 2M, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch a appelé les étudiants à suspendre leur grève et à retourner dans les amphithéâtres. Il a également indiqué que son département «suit de près ce dossier» et que le gouvernement, «qui a déjà satisfait près de 90% de leurs revendications», est disposé à poursuivre le dialogue avec les étudiants en médecine grévistes afin trouver des solutions.

Appel à «un dialogue sérieux»

Une semaine plus tôt, le vendredi 19 avril, lors d’une intervention devant la commission parlementaire de l’enseignement, des affaires culturelles et sociales de la Chambre des conseillers, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, avait également demandé aux protestataires de mettre fin à leur mouvement et de reprendre les cours avant la fin du mois d’avril, afin de sauver l’année universitaire. «J’appelle les grévistes à la sagesse avant qu’il ne soit trop tard, car leur sort et leur avenir en dépendent», a-t-il déclaré, précisant être ouvert «au dialogue sérieux», mais seulement «après la reprise des cours».

Ces appels ont visiblement trouvé un écho favorable auprès de la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie, qui a annoncé, dans un communiqué publié hier jeudi, le report de sa marche nationale, initialement prévue du 25 avril au lundi 6 mai.

Pas de reprise des cours avant le dialogue

«Nous avons décidé de reporter notre marche nationale pour montrer notre disposition à poursuivre le dialogue avec le ministre de l’Enseignement supérieur et le ministre de la Santé, afin d’éviter une année blanche. Ce sont des discussions que nous avons toujours sollicitées et encouragées depuis le déclenchement de notre mouvement», explique une des responsables de cette commission contactée par Le360.

D’après cette dernière, les étudiants protestataires souhaitent que des échanges «francs» s’articulent autour de leurs principaux points revendicatifs, «notamment le refus de la réduction de la durée de la formation de 7 à 6 ans, qui impactera négativement sa qualité et les compétences des futurs médecins».

Toutefois, notre interlocutrice exclut toute reprise des cours avant la tenue des discussions avec les deux autorités de tutelle. «Pour l’heure, les étudiants des facultés de médecine et de pharmacie du Royaume ne comptent pas retourner dans les amphithéâtres, tant qu’ils n’auront pas de visibilité sur les propositions qui seront faites par la tutelle. C’est l’un des préalables avant une éventuelle reprise des cours», soutient-elle.

Un premier accord rejeté par les étudiants

En février dernier, à l’issue d’une rencontre avec les responsables de la commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie, les départements de l’Enseignement supérieur et de la Santé avaient annoncé avoir trouvé un terrain d’entente avec les étudiants grévistes et la mise en place de nouvelles mesures pour apaiser le mouvement de protestation.

L’accord a été cependant récusé par les étudiants, qui avaient décidé de maintenir le boycott des examens semestriels (de la 1ère à la 5ème année) programmés du 8 février au 15 mars, et ce dans les onze facultés de médecine et de pharmacie du Royaume.

En réaction, le ministère de l’Enseignement supérieur avait décidé d’accentuer la pression sur les étudiants protestataires. Les doyens des facultés de médecine et de pharmacie avaient alors acté la dissolution de l’ensemble des bureaux des étudiants dans les facultés de médecine et de pharmacie du pays, ainsi que la convocation en conseil de discipline d’une cinquantaine des membres de la commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie. Depuis lors, on assiste à un statu quo, qui pourrait probablement évoluer dans les prochains jours…

Par Elimane Sembène
Le 26/04/2024 à 14h50