Les anciens bagnes reprennent vie sous un visage plus humaniste. Ils sont convertis en centre de la mémoire et en complexes sociaux et culturels. C'est un projet qui ne date pas d'aujourd'hui. Il a été entamé par le CNDH il y a une dizaine d'années, alors que l'ancien détenu politique Ahmed Hrezeni en assurait la présidence, dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de l’IER.
Ainsi, après les centres de détention de triste mémoire, comme Agdez, Kelaât M’Gouna ou encore Derb Moulay Cherif, c'est le tour du non moins tristement célèbre bagne de Tazmamart de changer de visage. En effet, selon une information publiée par Al Massae dans son édition du week-end des 10 et 11 octobre, une délégation officielle, comprenant outre la présidente du CNDH, Amina Bouayach, des officiels et des membres de l'autorité locale et des responsables des ministères concernés, s'est rendue sur les lieux pour effectuer une visite de terrain. L'objectif étant de constater de visu l'avancement des travaux du projet de transformation de ce centre de détention en lieu de la mémoire.
A cette occasion, rapporte le quotidien, la présidente du CNDH a assuré que les dépendances et différentes composantes de «l'Espace Tazmamart», une fois transformé, seront gérées en partenariat avec la population locale et les associations représentant les anciennes victimes. Selon Amina Bouayach, l'objectif de l’institution qu'elle préside est que les prisons non réglementaires et les centres de détention secrète et arbitraire soient reconvertis en espaces culturels et sociaux et centres de la mémoire. En d'autres termes, poursuit-elle, transformer ces centres de détention en lieux de vie et de mémoire pour que ce qui s’y est passé ne se reproduise plus.
Selon Al Massae, Amina Bouayach a profité de la cérémonie d'installation des membres de la CRDH de Drâa-Tafilalet pour tenir des réunions avec les autorités locales sur le suivi de la mise en œuvre des recommandations de l'IER. Elle a évoqué, en ce sens, les efforts déployés pour transformer certains centres de détention en espaces socio-culturels et lieux de la mémoire collective. A ce propos, elle a assuré qu’un rapport détaillé sur la mise en œuvre des recommandations de l’IER sera présenté en début d'année prochaine.
Le Maroc, qui a mené ces dernières 20 années une expérience exemplaire de justice transitionnelle, a pu mener des actions remarquables en matière de réparation du préjudice individuel et collectif et de préservation de la mémoire, relève le quotidien. Ce travail a été déployé par le CNDH dans un cadre purement droit-de-l’hommiste, loin de toute considération idéologique ou de pensée politique particulière, assure sa présidente.
Partant de là, souligne-t-elle, ce dernier continuera à organiser des visites de terrain dans les autres centres de détention arbitraire, devenus lieux de la mémoire comme Agdez et Kelaât M'gouna, ainsi que d'autres centres à travers le pays. La semaine prochaine aura lieu l'inauguration du musée d’Al Hoceima et le réaménagement du cimetière abritant les dépouilles des événements de 1981 aussi bien à Al Hoceima qu’à Nador, d'après Al Massae.










