Des pharmaciens avec de faux diplômes se transforment en marchands de comprimés psychotropes

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Revue de presseKiosque360. Le secteur de la pharmacie au Maroc plonge dans l’anarchie. Des accusations graves évoquées par un pharmacien, et implicitement confirmées par le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, soulèvent moult questions. Les détails.

Le 19/10/2020 à 22h13

Certains pharmaciens sont titulaires de faux diplômes, d’autres n’ont pas obtenu le baccalauréat, d'autres encore ont été condamnés pour trafic de comprimés psychotropes quand ils ne disposent pas de diplômes de Russie, d’Ukraine ou de Roumanie, alors qu’ils n’ont jamais voyagé à l’étranger. Voilà le constat que le pharmacien Mohamed Zerouali, de Sid Kacem, vient de dresser et de lancer dans le camp du parquet général, du secrétariat général du gouvernement et du ministère de la Santé.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le pharmacien Zerouali affirme détenir «un dossier complet et des documents attestant que pas moins de sept pharmaciens exercent dans la ville de Sidi Kacem avec de faux diplômes et livrent aux patients des médicaments et des comprimés en infraction de la loi», rapporte le quotidien Assabah dans son édition du mardi 20 octobre. L’affaire est extrêmement grave. Dans ce cadre, le pharmacien de Sidi Kacem s’interroge: comment le ministère de la Santé, le secrétariat général du gouvernement et le ministère de l’Intérieur tolèrent-ils cette pratique sans aviser le parquet général afin d’ouvrir une enquête? Et de faire remarquer qu’une «affaire dans ce sens a été classée par la justice à Sidi Kacem, pour manque de preuves nécessaires». Dans ce sillage, précise le pharmacien accusateur, «quiconque pourrait relever les falsifications flagrantes de diplômes et d'équivalences, affirmant que des documents portent des signatures falsifiées de l’ancien secrétaire général du gouvernement et une signature de certification de copie conforme à l’original d’un ambassadeur du Maroc, alors que cela ne relève pas de ses compétences». De même, ajoute M. Zerouali, des pharmaciens ont présenté de faux diplômes de baccalauréat à Kénitra, signés par le directeur de l’académie régionale de l’Education et de formation (AREF) avant l’entrée en vigueur du système des AREF. Dans le lot des falsifications, il évoque des cas bizarres, comme un diplôme qui porte la date de «31 okt» au lieu de «31 oct». Bref, souligne le pharmacien de Sidi Kacem, le secteur plonge dans l’anarchie. Et de souligner que certains pharmaciens ne disposent pas de registre de commerce, alors que d’autres en ont plusieurs et que certains autres ont été condamnés pour trafic de comprimés psychotropes devant des établissements scolaires, sans avoir été obligés à la fermeture de leur pharmacie.

Dans une déclaration au quotidien, Dr Hamza Guedira, président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, a affirmé que certains dossiers évoqués par le pharmacien Zerouali sont devant la justice. Et d’ajouter que des volets concernant des jugements et leur notification sont en cours d’étude en vue de trouver une formule appropriée. D’autres pharmaciens ont estimé que les accusations de leur confrère Zerouali étaient exagérées. 

Par Mohamed Younsi
Le 19/10/2020 à 22h13