La levée du confinement, le redémarrage des activités économiques et le relâchement de la population seraient-ils les principales causes de l’évolution inquiétante de l’épidémie au Maroc? La réponse a été donnée lors d’un webinaire organisé par la Société marocaine des sciences médicales (SMSM), en collaboration avec d’autres partenaires, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du week-end des 15 et 16 août.
Et de préciser que si le ministre de la Santé, Khalid Ait Taled, impute la responsabilité aux citoyens qui ne respecteraient pas strictement les recommandations des autorités compétentes, des experts font un autre diagnostic, mettant le doigt sur les défaillances.
En effet, la principale cause serait le dysfonctionnement du dépistage précoce et le suivi des personnes contact. C’est pourquoi, font constater ces experts, l’augmentation du nombre de décès s’explique surtout par le retard enregistré dans le dépistage et le traçage des personnes contacts.
Pour un cas contact, le délai entre l'identification de la personne, le prélèvement nasal puis le résultat du dépistage, est supérieur ou égal à sept jours. Résultat de ce circuit: environ 23% des cas critiques décèdent juste après leur arrivée aux services des urgences des hôpitaux. Ces cas ne sont admis qu’après l’aggravation de leur situation. Ce qui rend difficile tout traitement pour sauver leur vie. Et pas moins de 85% des patients admis en réanimation meurent.
Le même constat a été dressé par Abdelkrim Meziane Bellafkih, chef de service à la direction de l’épidémiologie au ministère de la Santé. «Il est inconcevable d’attendre quatre jours pour se faire dépister et attendre quatre autres jours pour connaitre son résultat», a-t-il déploré.
Pour sa part, le professeur El Houssein Baro, chef du département d’anesthésie réanimation au CHU Ibn Rochd de Casablanca, a précisé que 20% des personnes admises en soins intensifs ne souffraient d’aucune maladie chronique et n’avaient aucun autre facteur d’aggravation. C’est dire que personne n’est à l’abri de ce virus.
Plus grave encore, souligne le professeur Baro, pas moins de 85% des patients admis en réanimation meurent. Un taux qui interpelle à plus d’un titre, déplore le professeur Baro. En fait, le nombre de morts est passé de 11 à une moyenne de 24 décès par jour. Ce qui signifie, ajoute le chef du département d’anesthésie réanimation au CHU Ibn Rochd de Casablanca, que les personnes contaminées arrivent dans un état désespéré, précisant que 23% des cas décèdent juste après leur arrivée à l’hôpital.
De son côté, Afif Moulay Said, président de la Société marocaine des sciences médicales (SMSM), a appelé «à faire le plus de tests possible afin de connaître les cas atteints assez tôt et pouvoir les prendre en charge avant qu’ils atteignent un niveau critique». Ces inquiétudes ont été partagées par le wali de la wilaya de Casablanca-Settat, Said Ahmidouch. Dans son intervention lors de ce webinaire, il a révélé que le nombre de cas de Covid-19 est passé de 100 à 400 cas par jour à Casablanca. Ce qui a fait exploser le taux d’occupation des hôpitaux.
Le wali a également fait remarquer que cette hausse des chiffres, notamment des décès, serait causée par «l'arrivée de plus en plus tardive des patients, dans un état relativement grave, parfois désespéré, parfois directement en réanimation». Pour faire face à cette situation, le wali Ahmidouch a souligné la nécessité de réorienter la stratégie de dépistage pour que les cas contacts soient dépistés au plus vite et aller davantage vers les groupes à risque.