Le Conseil de la ville de Casablanca a opposé un refus catégorique à la réception des travaux de la corniche d’Aïn Sebaâ. Ce projet, confié à la société Casa Aménagement suite à un appel d’offres lancé fin 2022 et d’un coût global estimé à 70 millions de dirhams, s’inscrivait pourtant dans la vaste vision d’aménagement et de valorisation du littoral du Grand Casablanca, s’étendant de Dar Bouazza à Mohammedia, rapporte Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 2 juin.
Le mécontentement ne s’est pas limité à la sphère citoyenne. Le wali de la région Casablanca-Settat, constatant l’exaspération, a convoqué une réunion d’urgence rassemblant responsables municipaux et élus locaux afin d’exiger des éclaircissements complets sur l’état d’avancement et les défaillances du chantier. Il a enjoint l’entreprise concernée à remédier sans délai aux lacunes identifiées, condition sine qua non à toute réception définitive par la commune.
Ce marché, attribué en 2023 à un groupe spécialisé dans la promotion immobilière, après validation des plans par deux cabinets d’études renommés, dont l’un basé en France, avait officiellement démarré mi-2024. Pourtant, sa livraison suscite une profonde déception parmi les élus de l’opposition. Ces derniers déplorent ouvertement la qualité médiocre des équipements, la modestie du mobilier urbain, l’absence de réelle vision architecturale et l’insuffisance des aménagements, qui compromettent l’ambition de doter la zone d’un front de mer digne de ses habitants, alors même que l’essentiel des travaux est achevé.
Les citoyens d’Aïn Sebaâ, Hay Mohammadi et Sidi Moumen, emportés par cette même vague d’indignation, pointent du doigt le contraste frappant entre les équipements déployés sur leur nouvelle corniche et ceux qui agrémentent les espaces de divertissement des quartiers plus aisés. Cette disparité flagrante soulève avec acuité la problématique de la justice spatiale, interrogeant l’équité et l’égalité de traitement entre toutes les composantes de la métropole.
«Ce sentiment d’injustice est renforcé par la comparaison, souvent évoquée, avec le projet d’aménagement de la nouvelle corniche de Rabat», note Al Ahdath Al Maghribia. Cette dernière ambitionne en effet de transformer sa zone côtière en un espace public attractif intégrant tourisme, loisirs et résidences, incluant un grand parc public en balcon urbain aux vues panoramiques et une majestueuse promenade en bord de mer.
Les promesses initiales du promoteur, qui se voulait rassurant en affirmant qu’«à l’instar de la corniche d’Aïn Diab, le projet ambitionnait la valorisation d’une vue panoramique attirante en adéquation avec cette zone, comprenant des espaces de détente, de promenades, la pratique du sport en plein air ainsi que l’accessibilité à la plage pour les personnes en situation de handicap», se sont hélas révélées être un vœu pieux. Cet écart entre les engagements et la réalité concrète nourrit amertume et frustration, tant chez les élus que parmi la population concernée.




