Le ghosting vient de l’anglais ghost, fantôme: être dans une relation censée être amoureuse, avec une personne rencontrée physiquement, quand brutalement, sans explication, elle disparait et coupe le contact, même par internet.
Cette rupture numérique devient un phénomène mondial.
Lâcheté, incapacité d’affronter l’autre pour l’informer de la rupture. Avec internet, la valeur de la relation humaine se dégrade.
D’autre part, des femmes et, surtout, des hommes, séduisent des personnes virtuellement, leur chantent l’amour, les manipulent, juste pour s’amuser, pour se sentir puissants. Quand ils se lassent de jouer, ils coupent le contact pour passer à d’autres victimes.
Le ghosting fait des dégâts psychologiques: les victimes gardent les yeux rivés sur leurs smartphones, les consultent régulièrement, se réveillent la nuit dans l’espoir de trouver un message. Elles tombent en dépression: frustration, humiliation, chagrin d’amour. Le fantôme savoure sa victoire.
Une autre pratique plus sadique, l’orbiting: ghoster à moitié. Orbiting vient d’orbit, tourner autour. Vous rencontrez une personne, elle vous séduit et disparait de votre vie réelle, mais pas virtuelle: elle vous suit sur les réseaux sociaux, vous fait sentir indirectement son intérêt, mais reste fantôme. Ce qui vous donne de l’espoir, mais sans suite. Sadisme, perversion, qui empêche les victimes de faire le deuil de cette relation.
Selon les femmes, les hommes sont incapables d’assumer l’annonce d’une rupture. Lâcheté ou lhila hsène mène al âare (mieux vaut la ruse que faire du mal).
Écoutons ces témoignages d’hommes. Sans rancune, messieurs!
Lors d’une dispute banale, le mari annonce: «Je n’en peux plus. Je te quitte.» Ou, pour atténuer le choc: «Tu es une femme bien, mais Allah ghalèbe (Dieu est vainqueur). J’étouffe.» «Wallah, je suis victime de sorcellerie.» Il peut évoquer lmektoube: «Je voulais jouer et j’ai été piégé par une femme, Dieu l’a voulu!»
Relations hors mariage: «C’est votre faute, les femmes. Vous pensez toujours au mariage, vous pleurez pour rien. Que de larmes j’ai essuyées aux filles. J’annonce toujours la rupture dans ma voiture, équipé d’une boîte de kleenex.»
Il y a différents types d’hommes. Le délicat: «Je lui envoie un audio. J’évoque les bons moments et conclus que la rupture ne dépend pas d’elle, mais de moi, pour épargner sa dignité.»
Il y a les francs: «Je l’invite au restaurant. Au dessert, je lui dis qu’elle est géniale, mais je ne suis pas mûr pour le mariage.» Mais attention: «Une fois, en plein restaurant, une fille m’a tabassé avec son sac! Depuis, j’utilise la ruse.»
La ruse, fruit de l’expérience: «Au début, j’étais sincère. J’ai invité une fille à la plage, au coucher du soleil. Je lui ai dit qu’elle était mon soleil, mais que le soleil finit toujours par se coucher, telle notre union. Elle m’a fait un scandale public! Je voulais être romantique. Depuis, il n’y a que la ruse!»
Le rusé peut flatter: «Tu es une fille de bonne famille. Je suis un voyou. Tu mérites un homme bien.»
Le rusé propose une pause pour réfléchir et il ghoste.
Il s’invente des problèmes familiaux, professionnels: «Je suis perturbé. Je refuse de te faire souffrir.»
Il annonce à sa partenaire qu’il la trompe, provoquant le scandale et la rupture. «Mais une collante peut te dire qu’elle te pardonne!»
Le chantage: «Si elle tient à sa virginité, je lui dis soit on a des relations normales, soit je la quitte.»
Les stratèges: «Je l’appelle. Si elle ne répond pas, je fais un scandale et la quitte.» «Je déclenche une dispute sur sa façon de s’habiller, de regarder les hommes. Je joue au jaloux et la largue.» Ou alors: «J’ai fréquenté une fille deux ans. Elle voulait me piéger par le mariage. Impossible de la larguer. J’ai demandé à un copain de l’inviter à dîner. J’ai fait semblant de les surprendre.»
Culpabiliser: «Je lui annonce avec une triste mine que j’envisageais une relation sérieuse, mais elle m’a déçu par sa frivolité.»
La ruse est illimitée: «Je dis que j’ai une maladie vénérienne.» «Un ami médecin m’a donné un certificat de stérilité au cas où une fille me colle une grossesse. Quand une fille évoque le mariage, je sors ce certificat. Elle décampe!»
Le sadique: «Je lui envoie un message pour lui dire qu’elle est moche et que pour moi, elle n’était qu’un sexe!»
Le pervers: «Je lui prends des photos compromettantes. Si elle est collante, je menace de les publier sur les réseaux sociaux.»
Il prétexte une panne de voiture qui l’empêche de se déplacer ou un voyage d’affaires de plusieurs mois. Le temps joue en sa faveur.
Les grands lâches ne se présentent pas à la cérémonie de leurs fiançailles ou mariage.
Les désespérés: «Une voisine me collait après une relation de trois ans. J’ai essayé la sorcellerie pour qu’elle me déteste: écrire sur une bougie noire nos noms et ceux de nos mères et la laisser se consumer la nuit. La bougie est tombée sur le tapis. J’ai failli brûler ma maison!»
Certaines filles se vengent en tapant sur les points sensibles: «Il m’a ghostée. J’ai raconté à ses amis qu’il est impuissant!» L’atteinte à la virilité, une arme féminine: «J’ai ghosté une fille. Un jour, elle m’a surprise avec des amis dans un café. Elle m’a dit devant eux “si au moins tu étais équipé comme un homme”. Elle m’a rendu malade, d’autant que je suis biennnn équipé!»
Témoignage de plusieurs jeunes hommes: «Les filles qui s’accrochent à toi, supplient et pleurent? Fini! Aujourd’hui elles te séduisent, s’engagent dans une relation, te ghostent ou, pire, elles t’orbitent. Je vois plus d’hommes ghostés ou orbités que de femmes!»
J’ai du mal à y croire!