Jeudi 2 avril, gare de Casa-Port. Une dame d’un âge respectable se présente devant le guichetier. Elle veut prendre un ticket pour Mohammédia. Elle tend un billet de 200 dirhams au bonhomme. Ce dernier refuse catégoriquement de répondre à sa demande et l’envoie paître, arguant qu’il n’a pas la monnaie. Et qu’un billet de 200 DH pour un ticket valant 15 DH ne vaut pas la peine d’être pris au sérieux. Têtu comme une mule, il oppose un niet catégorique à la dame qui l’implore. Un homme témoin de la scène se propose pour payer le ticket de la dame. Le guichetier refuse et reprend les 200 DH de la dame. D'un geste hautain, il lui donne son billet et la monnaie non sans lui asséner quelques mots blessants.
«Avec ces femmes, il faut toujours faire attention. Elles font exprès de vous donner un billet de 200 DH pour un ticket de rien du tout juste pour vous pourrir la vie», dit le guichetier à l’adresse de l’homme en face de lui, qui voulait aider la dame. Des propos machistes qui lui sont restés en travers de la gorge et qu’il n’a pas jugé utile de commenter.
Quelques autres témoins de cette scène pour le moins déplorable sont partis avec un sentiment d’amertume. Une scène qui, comme beaucoup d’autres, a lieu tous les jours que Dieu fait dans les administrations publiques. Où des fonctionnaires font endurer beaucoup de maux aux citoyens. Il est vrai que les citoyens sont coupables de ne pas avoir la culture de la justice. Si tout un chacun portait plainte ou s’adressait aux hauts responsables pour dénoncer le comportement répréhensible de ces fonctionnaires malintentionnés, c’eût été une contribution au changement de mentalités. Justement au sujet de mentalité, le grand poète Nizar Kabbani disait : «On est vêtu de la civilisation, mais l’esprit est toujours moyenâgeux».
Il y a quelques années, une étude a conclu qu’un touriste étranger sur trois ne retourne plus au Maroc à cause du mauvais service. Que dire de ceux, les Marocains, qui endurent cet état de fait tous les jours ?