Ni fleurs, ni couronnes, l’enseignement va mal. Le diagnostic du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) est sans appel. 13 ans après la mise en œuvre de la Charte nationale de l’éducation et de la formation (2000 à 2013), la situation de l’enseignement n’a fait qu’empirer, relève le Conseil présidé par Omar Azziman, dans un premier rapport qui promet de faire couler beaucoup d’encre. Akhbar Al Yaoum, qui a eu la primeur de ce rapport, en révèle les premières conclusions. "Rapport Azziman : Le changement de ministres a mis à mal le processus de réforme de l’enseignement", titre le quotidien, dans son édition du mercredi 10 septembre. Le gouvernement Benkirane est pointé d’un doigt accusateur, puisque c’est sous son mandat que les clignotants se sont mis au rouge. Rappelez-vous, il y a une année, le roi Mohammed VI avait fait un discours très critique vis-à-vis du gouvernement Benkirane, accusé de ne pas "capitaliser sur les acquis positifs" accumulés depuis le lancement de la Charte nationale de l’éducation et de la formation, ni d’"entreprendre les efforts nécessaires pour les consolider".
La réactivation du CSE, en tant qu’institution constitutionnelle, puis son installation en juillet dernier par le Souverain, émanent justement de cette volonté exprimée au sommet de l’Etat de mettre ce secteur clef à l’abri de "surenchères ou de rivalités politiciennes". Le rapport Azziman est ainsi venu en remettre une couche en épinglant, à nouveau, le gouvernement à moitié islamiste également critiqué pour avoir revu à la baisse le budget alloué au secteur de l’enseignement, comme le souligne Akhbar Al Yaoum. "Le rapport Azziman a ceci de crucial, qu’il a mis le doigt sur la plaie, en attribuant la responsabilité de la dégradation du niveau de l’enseignement aux changements successifs qu’a connus la gestion des trois secteurs de l’Education nationale, de la Formation professionnelle et de l’Enseignement supérieur", explique le quotidien, en ajoutant que ces changements, comme le souligne le rapport Azziman, "ont influé négativement sur la continuité nécessaire à l’identification des acquis organisationnels, administratifs et pédagogiques du système éducatif". En d’autres termes, la valse des hommes au gré des étiquettes politiques sur les fauteuils ministériels de l’Education nationale, de la Formation professionnelle et de l’Enseignement supérieur ont entravé la poursuite du processus de réforme de ce secteur clef. Faut-il rappeler que, en moins de deux ans et demi, deux hommes se sont succédés à la tête du ministère de l’Education nationale, en l’occurrence Mohamed El Ouafa et, depuis peu, Rachid Belmokhtar.
Aux grands maux, les grands remèdes
Si l’enseignement est devenu ce qu’il est aujourd’hui, c’est-à-dire un désastre !, c’est bien parce que le gouvernement actuel, pour une raison ou une autre, n’a pas poursuivi dans la voie de la réforme tracée il y a maintenant 13 ans dans la Charte nationale de l’Education et de la Formation, et dont le "Plan d’urgence" établi par l’ancien ministre de tutelle, Ahmed Akhchichine, en serait l’aboutissement. Les chiffres sont très alarmants. "68% des étudiants des Facultés de Droit abandonnent leurs études ; 14% seulement décrochent leurs licences sans redoubler ; 10% du budget de fonctionnement s’évapore en raison des malversations", relève Akhbar Al Yaoum, qui fait également état de cette préoccupante "dégradation des capacités linguistiques chez l’élève et l’étudiant". Face à cette situation critique, que faut-il faire ? A en croire Akhbar Al Yaoum, le Rapport Azziman préconiserait une réactivation du "Plan d’urgence" établi par l’ancien ministre Akhchichine. "On ne peut généraliser l’accès à l’enseignement élémentaire dans les années à venir qu’en cas de poursuite du processus de réformes réalisées dans le cadre du Plan d’urgence", recommande le rapport du Conseil supérieur de l'éducation.