Casablanca: "Si tu ne parles toujours pas anglais, va te suicider", l'affiche scandaleuse du British Workshop

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Une affiche publicitaire crée la polémique à Casablanca. Les passants et les automobilistes s'arrêtent même pour la prendre en photo. Voici pourquoi...

Le 10/08/2017 à 17h14

Depuis hier mercredi 9 août, les Casablancais sont sidérés à la vue d'une nouvelle affiche publicitaire, des 4/3 parsemant les grandes artères de leur ville. L'annonceur est British Workshop, un centre dispensant des cours d'anglais.

Cette affiche représente un personnage pointant un fusil vers sa tête avec le slogan suivant: "If you still don't speak english, sir t'moute" ("Si tu ne parles toujours pas anglais, va te suicider"), un slogan inspiré d'une expression puisée dans le jargon familier du dialecte marocain.

Mais l'affiche passe mal. Difficile de ne pas être choqué par le mauvais goût et la médiocrité de cette publicité qui se veut "décalée et créative" affirme Thami Benboujida, directeur général du British Workshop, l'annonceur en question.

"Vous appelez pour l'affiche, n'est-ce pas?", lance-t-il d'emblée, à peine interrogé. Thami Benboujida semble mesurer l'ampleur de la polémique créée par ce slogan et s'en délecte. "Nous voulons choquer. C'est le but de cette publicité. L'anglais est la langue de l'avenir. Il est indispensable pour les enfants de s'intéresser à cette langue dès leur jeune âge et c'est le message que nous voulons véhiculer".

Au point d'appeler au suicide? Le patron de l'établissement de formation se justifie en donnant à son affiche un caractère sarcastique, encore faut-il le percevoir. "C'est une affiche qui se veut décalée et créative. Nous voulons simplement encourager les jeunes à apprendre l'anglais", tempère Thami Benboujida. 

Les Marocains seront-ils convaincus par ces réponses? Comment une publicité pareille a pu être validée? Ce qui est dramatique dans cette affaire, mis à part la médiocrité de la création, c'est l'incitation au suicide. Chose qui est sanctionnée pénalement au Maroc.

"Il n y a aucune entité habilitée à valider le contenu d'une affiche publicitaire"Direction le GAM (Groupement des annonceurs du Maroc). Mounir Jazouli, son président, n'était pas être courant de l'existence de cette affiche publicitaire. Une fois l'objet de notre appel expliqué, il se dit "scandalisé" par son contenu.

Il nous explique que le GAM "n'a pas d'autorité de contrôle du contenu des panneaux d'affichage publicitaire". Le secteur "n'est d'ailleurs soumis à aucun contrôle d'aucune entité que ce soit".

Pour qu'une affiche soit retirée, "il faut d'abord qu'il y ait réclamation de la société civile ou plainte déposée auprès des autorités. Le contrôle se fait donc a posteriori", précise le président du GAM.

Mounir Jazouli tire son épingle du jeu en précisant: "Ce genre de dérapages, bien que très rares au Maroc, émane de petits annonceurs irréguliers. Les annonceurs membres du GAM sont par ailleurs soumis à une charte d'éthique et de déontologie qui cadre le contenu des messages publicitaires et dont le GAM assure le suivi et la bonne application."

Quand le GAM intervient, auprès des non membres pour des incidents similaires, c'est de manière informelle. Son rôle est donc purement préventif et de sensibilisation. Notre interlocuteur semble pourtant décidé​ à intervenir dans le cadre de cette affaire.

Par Rania Laabid
Le 10/08/2017 à 17h14