Les résultats d’une étude sur le cancer, menée par les chercheurs de l’université John Hopkins, viennent d’être publiés, vendredi 2 janvier, dans la revue Sciences. Et les conclusions de cette recherche sont pour le moins surprenantes puisque les scientifiques attribuent surtout les causes de cette maladie à la «malchance». Les facteurs héréditaires et l’environnement ne seraient en effet responsables que d’un-tiers des cancers de l’adulte, tandis que les deux-tiers seraient imputables à des mutations génétiques aléatoires. La mauvaise hygiène de vie -tabagisme, alcool, hygiène alimentaire…- intervient en tant que facteur aggravant: «de nombreuses formes de cancer sont dues en grande partie à un manque de chance. La division des cellules survient alors indépendamment des facteurs de style de vie et de l'hérédité», Bert Vogelstein, auteur de l'étude et professeur d'oncologie à l'École de médecine de l'Université Johns Hopkins.
Etrangement, cette étude a porté sur tous les types de cancers sauf les plus répandus, à savoir le cancer du sein, le plus fréquent chez la femme, et celui de la prostate, le plus fréquent chez l’homme après le cancer de la peau. Concernant cette étude qui a fait grand bruit à sa publication, elle "va clairement dans le sens de ce que l'on observe lorsqu'on interroge nos patients. On essaye de comprendre leurs modes de vie et de trouver des facteurs de risques connus. Et il est clair que dans la majorité des cas, on n'a pas quelque chose de très évident à corréler à l'apparition de leur cancer", déclarera au micro de France 2 le Dr. Fabrice Denis, cancérologue à la clinique Victor Hugo, au Mans. Mais, ajoutera-t-il, "Autant on parle de hasard pour certains cancers, autant pour le cancer du poumon, on sait que le fait de fumer peut augmenter les risques de 2 000 %. Le hasard, là, il n'y en a plus beaucoup. Je ne connais pas beaucoup de monde qui accepterait de jouer à un jeu de hasard en ayant 2 000 % de chances de perdre." La prévention passe donc par une bonne hygiène de vie, et les conclusions des chercheurs de l’université de John Hopkins révèleraient surtout, d’après le Dr. Fabrice Denis, "une faiblesse de l'organisme humain" dont les cellules vieillissent trop rapidement tandis que l’espérance de vie augmente: "Des espèces comme les baleines ou les éléphants, qui ont beaucoup plus de cellules que nous, vivent aussi 80 ans avec 10 fois moins de cancer", soulignera-t-il en effet.