Le passage frontalier de Sebta vit toujours au rythme des échauffourées entre les Marocains désireux de passer de l’autre côté et les douaniers et policiers espagnols. Mais cette situation se complique davantage à l’occasion de chaque mois de Ramadan vu l’affluence massive des Marocains qui ont fait de la contrebande leur principale source de revenus. Ce mois de Ramadan n’a pas dérogé à la règle et cela a débouché sur de graves affrontements, mardi 15 juillet. Selon Assabah, dans son édition de ce 16 juillet, tout était parti avec la décision de la police espagnole de fermer ce passage à 9 heures du matin, ce qui a créé un grand attroupement du côté marocain de la frontière. Et cela a vite dégénéré en affrontements entre les deux parties: jets de pierres d’un côté, auxquels les policiers espagnols ont riposté, de l'autre, par des tirs de balles enrobées de caoutchouc et de gaz lacrymogènes. La situation s’est encore compliquée quand des centaines de Marocains ont essayé de forcer le passage, selon Assabah.
Al Massae, pour sa part, fait état d’affrontements sans précédent. Le quotidien, qui avance le chiffre de 3.000 Marocains actifs dans la contrebande, évoque des dégâts matériels et plusieurs cas d’évanouissement et d’étourdissement consécutifs à l’usage des gaz lacrymogènes. Le quotidien impute la responsabilité aux autorités espagnoles pour les incidents de la journée de mardi. Il écrit que les autorités marocaines ont pris sur elles d’aménager le passage frontalier (côté marocain) pour fluidifier le trafic. Mais que les policiers espagnols font exprès d’entraver la circulation et provoquer des bouchons qui s’étendent parfois jusqu’à la ville de Fnideq.
Ces dernières années, les milliers de gens qui vivent de la contrebande des marchandises n’ont cessé de se plaindre des agissements des policiers espagnols et de leurs homologues marocains. Cela concerne surtout des milliers de femmes qui se trouvent prises entre l’enclume des commerçants qui les engagent et le marteau des contrôles abusifs des policiers et douaniers. C’est cette catégorie de femme, appelées "Hammalat" ou "mules", qui finissent par payer les pots cassés.