De rebondissements en révélations, l’affaire du parlementaire UC, assassiné par balle devant son domicile à Casablanca, le 7 mars, livre enfin ses secrets. Le présumé assassin, H.M, un élu local marié et père de quatre enfants, et ses complices, à savoir la veuve Merdas, la sœur de l’assassin et un autre individu, ont été arrêtés par la police. Seul le chauffeur du véhicule à bord duquel se trouvait l’assassin est encore en fuite. L’affaire a été bouclée grâce notamment à l’intervention du BCIJ qui a pris les choses en main après que les premières pistes aient abouti à des impasses.
Selon le quotidien Assabah qui revient sur cette affaire dans son édition du lundi 27 mars, les motifs de ce meurtre, bien préparé et froidement exécuté, sont l’argent et le sexe. L’assassin, affirme le journal, a tout ce qu’il faut pour mener une brillante carrière politique, sauf l’argent. Ce chasseur habile dont les exploits ont déjà fait le tour de Youtube, a même été président de la Fédération de la chasse. Il vit des revenus de son auto-école et d’autres activités, mais cela n’est pas suffisant pour accompagner ses ambitions politiques. Il a certes été responsable local du MP, mais a vite fait de quitter ce parti pour se présenter aux dernières élections locales sous l’étiquette RNI et a finalement décroché un poste de vice-président de l’arrondissement de Sbata.
Sa principale complice, la veuve Merdas, elle, a tout ce dont bien des femmes rêvent: mari, enfants et argent. Sauf qu’elle n’a pas de vie conjugale stable. Son mari a bien inscrit beaucoup de biens en son nom mais ce qu’elle cherchait, elle n’a pu le trouver que chez cet ancien voisin de quartier, en instance de divorce, dont elle est, d’ailleurs, l’amie de la sœur. Cette dernière, chiromancienne, est également impliquée dans l’assassinat.
L’affaire était finalement très simple: comme elle ne pouvait pas divorcer par peur de tout perdre, la femme, avec l’aide de son amant qu’elle fréquentait depuis longtemps, a mis en place ce plan d’assassinat pour convoler, ensuite, en justes noces. Bref, affirme Assabah, elle voyait en lui son chevalier sauveur et lui son bailleur de fonds pour ses projets politiques.
A en croire Akhbar Al Yaoum qui s’est également intéressé à cette affaire dans son édition du 27 mars, la piste de la veuve n’a jamais été écartée par les enquêteurs. Mais ils ont décidé d’y aller progressivement pour ne pas tomber dans une fausse piste comme celle du frère de l’amante du parlementaire, désigné comme présumé coupable 24 heures après le meurtre.
C’est donc ainsi que les enquêteurs ont laissé à la veuve une marge de manœuvre pour accumuler les erreurs. Ainsi, en plus de l’image de la veuve éplorée qu’elle n’arrivait pas à feindre, elle s’est empressée à faire le tour des biens de son défunt mari et s’est adressée aux notaires pour accélérer les procédures de transfert des propriétés qu’il avait inscrites en son nom. Elle a également suggéré à plusieurs reprises de fausses pistes aux enquêteurs, évoquant tour à tour un assassinat politique, puis une présumée implication de responsables de la justice pour finir avec la piste de la mafia étrangère.
Parallèlement, après avoir mis son téléphone sur écoute, les enquêteurs ont remarqué qu’elle appelait quotidiennement un seul numéro, celui de H.M, le premier suspect avec lequel son mari n’entretenait, pourtant, aucune relation particulière. C’était suffisant pour que la police décide de l’arrêter, mais pas suffisant pour l’inculper. Les enquêteurs l’ont donc poussé à appeler la concernée, en leur présence. La veuve, ne se doutant de rien, s’est, entre autre, plainte du «harcèlement de la police» et a exprimé sa peur que les enquêteurs ne découvrent la vérité. Il n'en fallait pas davantage pour dénouer les fils de cet assassinat sordide.