"Le prince et moi : Un témoignage pour l'histoire", un titre en couverture agrémenté d'un photo-montage de Moulay Hicham et Abderrahim Ariri, directeur de publication de l'hebdomadaire arabophone "Al Watan Al Aan" qui consacre trois pages de son cahier central au projet médiatique que le prince voulait financer pour attaquer l'institution royale et amoindrir sa valeur. Ecrit de la main du directeur de la publication, ex-journaliste au quotidien Al Ittihad Al Ichtiraki ayant côtoyé pour une longue période Moualy Hicham, le dossier rapporte des détails croustillants sur la relation du prince avec la presse et sa prédisposition généreuse à parrainer un média qui est capable de jeter le discrédit sur la monarchie marocaine, et la personne du roi.
Le prince était prêt à investir jusqu'à 50 millions de DH
Selon Ariri, le prince lui a proposé 20 millions de dirhams et s'est dit prêt à investir jusqu'à 50 millions dans un journal dont la mission principale est d'effriter l'image de l'institution royale de manière continue et progressive en semant la zizanie, en déformant et en exagérant les faits. L'offre du prince "était dépendante d'un cahier des charges reposant sur un engagement à critiquer systématiquement la nouvelle ère, de dénigrer, de dévaluer le règne de Mohammed VI et d'étouffer les espoirs et les réalisations de ce règne, en s'emparant des points négatifs et en les exagérant pour arriver à cette conclusion: l'échec du roi à diriger le pays", précise Abderrahim Ariri.
Dans son long récit qui occupe trois pages du tabloïd, Ariri revient sur les débuts de sa relation avec celui qu'on appelle le prince rouge. Le journaliste ittihadi a eu sa première entrevue avec le prince en 1999, dans le cadre d'une rencontre dédiée à la promotion de l'expérience de la transition démocratique amorcée en 1998 avec l'avénement du gouvernement d'alternance de Abderrahmane Youssoufi. A cette date, les écrits du prince allaient de pair avec la ligne éditoriale du quotidien de gauche dans le sens où les deux parties partagent le souci de la démocratisation du pays et la réforme constitutionnelle. Une amitié est donc née entre un prince et un journaliste.Le premier désenchantement de Ariri est survenu quand le prince s'est attaqué à l'expérience de l'alternance, qu'il soutenait jusqu'alors, et à la personne de Abderrahmane Youssoufi, une icône du nationalisme et de la gauche, selon le journaliste. La deuxième déception de Ariri s'est opérée quand le prince progressiste a fait un revirement de 360°, en pariant sur l'islamisme comme ultime choix et issue après l'échec de tous les régimes qui se sont succédés dans les pays arabes et en appelant à travers ses écritures à associer les islamistes à une révolution absolue. Des paradoxes qui se nourissent, selon le journaliste, à un opportunisme politique.
Le dernier épisode évoqué par le journaliste dans sa relation avec le prince est l'offre généreuse du prince, prêt à débourser jusqu'à 50 millions DH pour mettre en place un organe de presse est d'amenuiser progressivement l'aura de l'institution royale. Une offre courtoisement déclinée par le journaliste mais renouvelée une deuxième fois par le prince qui a eu vent des problèmes financiers de la publication d'Ariri. Un cadeau empoisonné que le journaliste a encore une fois refusé, préférant ne pas vendre son âme au Iznogoud marocain.