L’être humain a toujours cherché à goûter au délice de l’amour, à l’intensifier et à le diversifier pour éviter la monotonie qui le détruit.
Au Maroc, les aphrodisiaques ont toujours existé, bien avant le Viagra. Des plantes, ajoutées aux mets par les épouses pour entretenir la virilité des maris. Le produit le plus courant est lamsakhène, épices qui guérissent lbarde, le froid, qui affaiblit la virilité de l’homme et le désir de la femme.
Aujourd’hui, au Maroc, le Viagra est le deuxième médicament le plus vendu après les antibiotiques.
Mais dans les souks, des marchands continuent à hurler les bienfaits miraculeux de leurs produits qui ressuscitent ou renforcent annafse (virilité) et garantissent plusieurs coïts successifs.
On vend aussi des produits féminins, telle el gouza sahraouia, mais discrètement. Les herboristes proposent divers aphrodisiaques pour hommes et femmes.
Les fantasmes ont créé divers objets masculins et féminins, tels les sex-toys (jouets sexuels), qui existaient déjà il y a 3.000 ans, en Grèce et en Asie mineure.
Pour les femmes, le plus ancien est le godemiché: phallus fait en cuir ou en bois. Des marins et des guerriers les laissaient à leurs épouses pour qu’elles ne les trompent pas.
Le vibromasseur, en plastique ou en métal, avec un petit moteur qui le fait vibrer, a été créé pour une utilisation médicale: on soignait les femmes pour l’hystérie et la névrose, considérées comme conséquences de frustrations sexuelles.
Au XXème siècle, le cinéma médiatise et banalise le vibromasseur après la révolution sexuelle des années 60. En Occident, il devient objet de réjouissance, d’émancipation et d’autonomie des femmes vis-à-vis des hommes. Il prend plusieurs formes et couleurs. Sa vente se libère. La vente par correspondance a permis aux clients discrets de recevoir leurs paquets à domicile.
Aujourd’hui, le sex-shop en ligne est le moyen le plus utilisé pour s’approvisionner.
L’industrie du sexe propose des produits diversifiés où les goûts, les couleurs et les formes rivalisent. Lubrifiants et gels au goût de fruits ou de chocolat pour en enduire les organes génitaux ou le corps, tenues érotiques, films, préservatifs, divers accessoires...
Pour les femmes, il y a toute une variété de vibromasseurs. Les hommes ont également l’embarras du choix: poupée gonflable, vagin en latex…
Les sex-shops sont interdits dans de nombreux pays pour des motifs de moralité. En France et en Hollande, les sex-shops sont permis dans les années 70.
Malgré l’interdiction de vente aux mineurs, ces articles étaient exposés dans les supermarchés. Depuis les années 90, leur vente se limite aux sex-shops. Mais on peut trouver des vibromasseurs dans des parfumeries. La publicité, à la télévision, devient courante.
Dans les pays musulmans, les sex-shops n’existaient pas jusqu’aux années 2000, où le monde fut surpris par le premier sex-shop halal!
En 2010, un Marocain naturalisé Hollandais crée le premier sex-shop halal en ligne, Al Asira. Sa motivation aurait été de changer l’image de l’islam, perçu comme hostile aux femmes.
Une fatwa a été éditée par un imam saoudien: ces objets sont halal s’ils sont utilisés dans le cadre du mariage.
En 2010, ouverture du premier sex-shop dans les pays arabes, par une femme, à Bahreïn. Derrière sa burka, elle annonce que l’islam n’a jamais interdit les plaisirs sexuels et que son sex-shop est halal car elle ne vend qu’aux couples mariés.
Au Maroc, pas de sex-shop, mais les sex-toys sont vendus en ligne.
Les sex-toys traversent la frontière, saisis parfois par des douaniers scandalisés ou amusés. Malika: «J’ai acheté un vibromasseur pour m’amuser avec mon mari. J’ai eu la honte de ma vie à la douane. J’ai dit que c’est un cadeau pour faire une farce à une amie. Les douaniers se sont regroupés autour de l’objet suspect. Leur supérieur leur a dit que c’est pour les femmes sans hommes. Ils m’ont envoyé de ces regards…»
Des hommes en offrent à leurs épouses ou partenaires: «Je lui ai offert trois vibromasseurs drôles, pour s’amuser. Je reconnais que ça stimule le plaisir.»
Mais je n’en saurais pas plus sur les jouets sexuels utilisés par les hommes. Tous ceux que j’ai interrogés affirment ne pas en utiliser.
Parfois, les hommes offrent, pour la Saint-Valentin, des tenues érotiques: tablier de cuisine avec des seins en relief, culotte avec une figure d’animal aux yeux lumineux ou qui, au toucher, déclenche une musique…
Fatiha vend des vibromasseurs: «J’importe des habits féminins que je vends chez moi. J’ai ramené des vibromasseurs qui ont eu du succès, surtout à la Saint-Valentin.»
Si les hommes n’en parlent pas entre eux, beaucoup de femmes n’ont pas de complexes: «J’ai un coffret plein de vibromasseurs amusants. On en rigole entre amies. Parfois je les dépose avec les gâteaux.»
Les films pornographiques ont du succès et sont appréciés quand ils sont regardés en couple. Mais de nombreux époux se plaignent du refus des épouses, qui les trouvent obscènes ou haram.
Ces stimulants brisent la monotonie. Les sexologues confirment que les films et les jouets sexuels augmentent l’intensité des jouissances. Mais attention à l’addiction: la jouissance naturelle ne serait plus accessible sans ces stimulants.
Or, avec internet, il est aisé de tomber dans l’addiction.
L’amour, l’affection, les caresses, la séduction mutuelle et la recherche de stimulants puisés dans son imagination sont indispensables pour atteindre, simultanément, la volupté extrême. Tout autre stimulant ne devrait être qu’un complément.
Bonne fête à tous les amoureux. Souhaitons à toutes les âmes solitaires de rencontrer l’amour.