Une vidéo relayée par Boubker Elouankhari, d’Al Adl Wal Ihssane, circule sur les réseaux sociaux comme la preuve d’une colère actuelle au douar de Tazrout (commune de Bouzemlane, province de Taza). Sauf que les images datent de 2016.
La séquence montre des habitants marchant sur une vingtaine de kilomètres pour réclamer l’accès à l’eau potable et dénoncer le sentiment d’abandon. Sur les réseaux, le commentaire qui accompagne la vidéo laisse croire qu’il s’agit d’un événement récent. Une «preuve» supplémentaire, dit-on, du «Maroc oublié». Mais attention: il s’agit d’un recyclage.
Après vérification, les images proviennent d’une marche organisée en 2016 par les habitants du douar Tazrout. Cette mobilisation s’était soldée par une rencontre avec le secrétaire général de la préfecture.
Présenter cette séquence comme une nouveauté relève de la manipulation. L’intention est on ne peut plus claire: donner à voir un «Maroc profond» réduit à la soif et au mépris, en occultant délibérément les évolutions et la réalité actuelle.
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Ce procédé n’a rien de nouveau. Le mouvement Al Adl Wal Ihssane a déjà été pris en flagrant délit de recyclage d’archives pour appuyer sa rhétorique. Début septembre, Hassan Bennajeh n’a pas hésité à exhumer d’anciennes photographies liées au séisme d’Al Haouz, prises à Taroudant, qu’il a présentées comme récentes. Objectif: accréditer l’idée que l’opération de relogement accumule des retards et que les sinistrés survivent toujours sous les tentes. Or, vérification faite auprès d’une source locale jointe par Le360, le cliché en question datait… d’environ un an.
De Tazrout à Taroudant, le procédé est donc identique: exhumer des images d’hier pour accréditer la thèse d’un Maroc éternellement oublié. Une mise en scène bien huilée, mais qui s’effrite face à la vérification des faits...







