Agadir: nouvelle guerre ouverte autour du transport via applications

L'application Winktaxi à Agadir révolutionne le transport urbain dans la ville. (Le360)

L'application Winktaxi à Agadir révolutionne le transport urbain dans la ville.

Revue de presseÀ Agadir, le secteur des taxis traditionnels est secoué par un conflit inédit entre chauffeurs professionnels et propriétaires de licence, à l’approche d’une étude ministérielle sur le transport urbain. Au cœur des tensions: l’essor du transport via applications, source de revenus pour certains et de craintes pour d’autres. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 25/09/2025 à 20h01

À quelques jours de la venue d’une commission d’études mandatée par le ministère de l’Intérieur pour évaluer le secteur des taxis à Agadir, une violente guerre verbale secoue le secteur local des taxis. Les tensions mettent en lumière un conflit croissant entre deux courants: d’un côté, les chauffeurs professionnels, et de l’autre, les propriétaires et exploitants de licences de taxi, considérés comme les véritables «patrons» du secteur, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition du vendredi 26 septembre.

Les désaccords se cristallisent particulièrement autour de l’essor du transport via applications mobiles. De nombreux chauffeurs professionnels ne s’opposent pas à cette forme de transport, qu’ils considèrent comme complémentaire, mais ils réclament sa régulation et sa reconnaissance officielle, à l’instar des taxis traditionnels. Ce mode de transport, désormais plébiscité par une clientèle de plus en plus large, attire même certains chauffeurs de taxis traditionnels qui se tournent vers les applications pour bénéficier de conditions de travail plus avantageuses et d’un revenu plus confortable, lit-on.

Pour ces chauffeurs, le transport via applications offre non seulement un meilleur cadre de travail mais également une indépendance vis-à-vis des exploitants de licence, qui imposent souvent de reverser une partie des recettes quotidiennes. Ce modèle séduit ainsi des dizaines de professionnels qui voient dans le numérique une alternative viable face aux contraintes du taxi classique.

À l’inverse, les propriétaires et exploitants de licences de taxi exigent du ministère de l’Intérieur la suspension immédiate des applications de transport sur l’ensemble du territoire national. Leur argument: protéger les quelque 77.000 taxis légaux du Maroc et garantir les revenus quotidiens de ce secteur, qui soutient directement ou indirectement près de 200.000 familles.

La colère de ces propriétaires est alimentée par le fait que le transport via applications génère pour les chauffeurs des revenus significatifs, jusqu’à 5.000 dirhams par mois, en travaillant seulement quelques heures par jour, explique Al Akhbar. Cette situation attire non seulement des professionnels du secteur, mais également des commerçants, artisans et employés, certains louant même des véhicules auprès d’agences spécialisées pour les utiliser exclusivement dans le cadre du transport intelligent.

Alors que la commission du ministère de l’Intérieur s’apprête à rendre ses conclusions, le secteur des taxis à Agadir se retrouve à un tournant décisif: comment concilier tradition et modernité et protéger les acteurs historiques tout en intégrant les nouvelles formes de mobilité qui séduisent les citoyens? La réponse pourrait redessiner durablement le paysage du transport urbain dans la ville.

Par La Rédaction
Le 25/09/2025 à 20h01