La chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca a clos, mercredi dernier à une heure tardive de la nuit, les comparutions de Taoufik Bouachrine à la barre pour s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés, à savoir le viol, tentative de viol, agressions sexuelles, traite d'êtres humains. Plusieurs quotidiens, dans leur édition de ce vendredi 11 mai, reviennent sur les déclarations du directeur de publication du quotidien Akhabr Al Yaoum devant les juges qui l’appellent à la barre depuis lundi dernier.
Selon Al Ahdath Al Maghribia, Taoufik Bouachrine a choisi, pour se défendre, «de donner à son procès un cachet politique», en tentant d’impliquer «des personnalités politiques dans son dossier, en les considérant comme étant derrière ses tourments actuels». Ce à quoi «le parquet général a tenu à riposter» en rappelant à l’accusé qu’il est poursuivi pour «des crimes sexuels prouvés par des documents audio et vidéo».
Bouachrine a reconnu qu’il connait parfaitement celles «qui soit travaillaient dans son entreprise, soit visitaient son journal», et avec lesquelles, pour certaines d’entre elles, il a bien eu «rapports consentis». Il a ainsi défié le tribunal malgré, dit-il, l’installation de caméras dans son bureau et à son insu, ainsi que les preuves préfabriquées, de prouver sa présence sur une seule sextape. Cette intervention en particulier a été saisie au bond par les avocats des plaignantes pour dire que «Taoufik Bouachrine reconnaît les faits qui lui sont reprochés tout en les reniant». De même, le juge lui a répondu qu’il ne peut pas qualifier les vidéos de préfabriquées, «du moment qu’il ne les a pas encore vues».
Bouachrine a répliqué, selon le quotidien Al Massae du 11 mai, que l’ancien député de l’USFP et universitaire, Hassan Tarek, lui a divulgué, deux semaines avant son arrestation, «les grandes lignes du scénario qui se tramait contre lui et qui vise à l’emprisonner puis le juger». Accusant une nouvelle fois «un chef de parti politique» d’avoir exercé des pressions sur les plaignantes pour «fournir de faux témoignages», Bouachrine a formellement nié que les objets présumés saisis dans son bureau, comme les caméras, les clés USH et autres DVR, et qui constituent la preuve matérielles des crimes dont il est accusé, lui appartiennent.
Mais l’on se pose la question de savoir comment autant de fuites ont pu traverser le mur du son du tribunal pour atterrir dans certaines rédactions de la place, alors que le procès est censé, en toute légalité, être secret. Al Ahdath Al Maghribia a eu la franchise de reconnaitre indirectement que ce sont les avocats des plaignantes qui ont été les plus indiscrets. En effet, le quotidien a contacté le bâtonnier Abdellatif Bouachrine, avocat du journaliste, qui a affirmé que l’interrogatoire de son client s’est déroulé dans de bonnes conditions, mais que pour le reste, il ne peut rien divulguer afin de ne pas violer le secret du procès.