À l’ambassade du Vietnam à Rabat, ce dimanche 19 janvier, les embrassades amicales et les retrouvailles familiales ont marqué le début des festivités du Têt Nguyen Dan, le Nouvel An vietnamien (29 janvier). La communauté maroco-vietnamienne s’est jointe à la diaspora vietnamienne pour célébrer ce qui est considéré comme la plus importante fête traditionnelle du pays: plus qu’un simple changement de date, elle y incarne un renouveau chargé d’espoir et de spiritualité.
Parmi les invités figurent des femmes vietnamiennes ayant lié leur destinée à des soldats marocains autrefois engagés dans la guerre d’Indochine. Dans les salles de réception, les drapeaux marocains et vietnamiens sont exposés côte à côte, un symbole de l’histoire commune aux deux pays. Celle-ci est mise en avant par l’ambassadrice du Vietnam, Le Kim Quy: «Les liens historiques entre nos deux peuples ont été tissés avant même l’établissement officiel des relations diplomatiques entre le Vietnam et le Maroc.»
La génération la plus âgée de cette communauté témoigne d’une intégration réussie au Maroc, marquée par le respect mutuel des deux cultures. Le parcours de Trần Thị Hồng Mây, 80 ans et aujourd’hui grand-mère, installée à Meknès depuis 1972, en donne une illustration. Elle est à ce titre présidente d’honneur de l’Association des enfants maroco-vietnamiens. Trần Thị Hồng Mây souligne avec émotion: «Depuis que je me suis installée en 1972, le Maroc nous a toujours aidés et a été là pour nous.»
Elle se rappelle avoir travaillé dès son arrivée au Maroc pour aider son mari à élever leurs sept enfants: «Au Maroc, j’ai pu travailler et élever mes enfants. Je leur ai payé des études, et j’ai pu aider mon mari aussi.» Aujourd’hui, les enfants de Trần Thị Hồng Mây ont grandi et ont fondé chacun «sa propre famille, avec des fils et des filles», dit-elle heureuse.
Les Vietnamiens qui ont choisi de vivre au Maroc
Le dialogue interculturel est assuré par les jeunes générations, dont le rôle est crucial dans la préservation des traditions, mais aussi dans le renforcement des liens culturels entre les deux pays. C’est l’exemple de Nguyễn Quỳnh Phương, une Vietnamienne qui a décidé de vivre au Maroc et qui poursuit ses études depuis trois ans à l’Université Mohammed V de Rabat. Elle milite pour le rapprochement des cultures marocaine et vietnamienne au sein de l’Association des étudiants vietnamiens au Maroc, dont elle est vice-présidente.
Maîtrisant parfaitement l’arabe classique, elle se décrit comme une «ambassadrice» dont le rôle est de «représenter et diffuser la culture vietnamienne» auprès de ses amis marocains. La célébration du Têt est «une belle occasion», selon elle, de «rassembler toutes les communautés pour célébrer et se remémorer la culture vietnamienne». Quant à sa vie d’expatriée au Maroc, Nguyễn Quỳnh Phương déclare: «Ce pays magnifique, avec son histoire riche et ses habitants chaleureux, m’a offert une occasion précieuse de mieux comprendre ses valeurs et sa culture.»
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Traditions, partage et héritage culturel
De leur côté, les familles encouragent avec ferveur la préservation des racines culturelles. L’ambassadrice du Vietnam insiste sur l’importance de cet héritage pour les familles maroco-vietnamiennes: «Nous encourageons la transmission de la langue et des traditions vietnamiennes aux jeunes générations.» À travers divers événements, ces jeunes s’engagent pour faire rayonner la culture vietnamienne, tout en étant intégrés harmonieusement dans leur société marocaine.
C’est dans cet esprit de transmission qu’un jeu de questions-réponses, animé par les représentants de l’Association des étudiants vietnamiens au Maroc, a permis d’approfondir notre compréhension du Têt. Saviez-vous qu’au Vietnam, les enseignants, lors du Têt, restent traditionnellement chez eux? Cette coutume s’explique par le fait que la communauté leur rend visite pour demander des calligraphies, des œuvres soigneusement tracées et chargées de symbolisme, qui sont offertes aux proches comme vœux de sagesse.
Cette journée de célébration au Maroc s’est également imprégnée de ces traditions riches en symboles. Nous avons notamment assisté à une cérémonie d’offrande d’encens devant un autel orné, symbole de respect et de gratitude envers le président Ho Chi Minh, grand-père de la nation du Vietnam. Plus tard dans la journée, dans un geste empreint de partage, des enveloppes rouges, contenant de l’argent pour souhaiter la prospérité, ont été distribuées aux membres de la communauté.
Si le Têt rassemble les cœurs et renforce les liens au sein de la communauté maroco-vietnamienne, il n’est qu’un chapitre d’une histoire riche et fascinante qui se poursuit sur les terres du Royaume.