La présidente de la Cour des comptes du Maroc, Zineb El Adaoui, a pris fermement la défense du rôle de son institution dans la lutte contre la corruption, rappelant que son action s’inscrit strictement dans le cadre défini par la loi. Cette déclaration, prononcée à Skhirat lors de l’ouverture de deux journées d’étude sur le renforcement des mécanismes de contrôle judiciaire et administratif de la gestion des fonds publics, a été perçue comme une réponse indirecte aux critiques accusant la Cour des comptes de passivité dans le suivi judiciaire des dossiers liés à la dilapidation de deniers publics, souvent relayés par des associations de protection des deniers publics, relève le quotidien Assabah dans son édition du weekend du 25 et 26 octobre.
Zineb El Adaoui a précisé que le procureur général du Roi près la Cour des comptes avait transmis cinquante-cinq dossiers comportant des éléments laissant présumer l’existence d’infractions pénales au procureur général du Roi près la Cour de cassation, chef du ministère public, entre 2021 et octobre 2025. Elle a souligné que les juridictions financières procèdent à une analyse minutieuse de chaque dossier signalant des faits susceptibles de poursuites, et qu’elles n’engagent les actions nécessaires que lorsque les indices sont jugés suffisamment sérieux, écrit Assabah.
La présidente a cependant tenu à nuancer les attentes du public à l’égard de l’institution. Selon elle, la majorité des plaintes reçues par les juridictions financières ne débouchent, après étude, ni sur des audits approfondis ni sur des transmissions à la justice. En 2024, la Cour des comptes a ainsi été saisie de soixante-dix-sept plaintes transmises par la présidence du ministère public, mais seules deux d’entre elles contenaient des éléments susceptibles de justifier une mise en cause judiciaire. Parallèlement, le conseil a reçu environ 1.650 plaintes directes au cours de la même année, dont quatorze pour cent ont conduit à la programmation de missions de contrôle ou à l’ouverture de procédures de suivi, rapporte Assabah.
Les actions correctives entreprises à la suite de ces audits ont permis, selon Zineb El Adaoui, de générer un impact financier estimé à 140 millions de dirhams en 2024. Ces résultats illustrent, selon elle, la portée concrète des mécanismes de contrôle mis en œuvre, qu’ils interviennent pendant la réalisation des vérifications ou après la réception des rapports préliminaires.
La responsable a par ailleurs insisté sur l’importance de valoriser le travail considérable accompli par les organes de contrôle judiciaire et administratif. Elle a plaidé pour une adaptation continue de leurs méthodes à l’ère de la communication numérique, soulignant que chaque citoyen joue désormais un rôle essentiel dans la promotion de la transparence et de la redevabilité. Elle a toutefois mis en garde contre l’exploitation biaisée ou partisane des résultats des audits et des affaires portées devant la justice, qui risquerait de nuire à la crédibilité du système de contrôle.
Les travaux de ces journées d’étude ont réuni la Cour des comptes, la présidence du ministère public, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et l’Inspection générale des finances. Ensemble, ces institutions ont échangé sur les moyens d’intensifier la lutte contre la corruption financière dans le respect des dispositions légales, en soulignant le rôle central du contrôle judiciaire et administratif dans la gestion des fonds publics et la nécessité de renforcer la coordination entre les organes d’audit et les instances judiciaires pour mieux identifier et poursuivre les cas comportant une dimension pénale.








