Dimanche dernier, le chef du gouvernement a affirmé sur son compte Twitter que les exercices militaires d'African Lion 2021, organisées conjointement par le Maroc et les Etats-Unis, prévues du 7 au 18 juin, allaient se dérouler au Sahara et plus précisément dans les régions de Dakhla et de Mahbès. Et de saluer «une consécration de la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara».
D’où tient-il cela? On n’en sait rien. La «Grande muette», soit l’armée, n’a rien communiqué là-dessus, elle qui est la seule habilitée à le faire. On ne saura pas quelle muse dominicale a pu inspirer notre chef du gouvernement et encore moins s’il a mesuré la portée de son tweet.
Les cancans d’El Othmani sur les réseaux sociaux ont eu cette fois-ci un retentissement mondial. La presse internationale les a évidemment relayés et n’a pas raté l’occasion de demander confirmation au département d’Etat américain et à la direction d’Africom qui s’est retrouvée embourbée dans un bavardage du secrétaire général du PJD.
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Si Africom, sans doute de concert avec ses partenaires marocains, a évité dans sa réponse aux médias de faire référence aux propos d’El Othmani, lui épargnant de la sorte de prendre un cinglant démenti en plein dans sa barbe, elle n’en a pas moins été contrainte de préciser à des agences de presse que les exercices se dérouleraient «à travers le Maroc, de la base aérienne de Kénitra, au Nord, à Tan-Tan et au complexe d'entraînement de Guerir Labouhi au Sud».
«Les lieux ont été choisis pour renforcer les partenariats de sécurité et nos relations avec d'autres pays participant [à l'exercice], alors que nous oeuvrons ensemble à renforcer la stabilité régionale», a précisé un porte-parole de l'Africom, le colonel Christopher Karns, qui a ajouté que les Etats-Unis et le Maroc «ont envisagé un vaste éventail de lieux pour assurer le succès d'African Lion 2021, se décidant en fin de compte pour les lieux proposé au tout début des travaux préparatoires, à l’été 2020».
Devant le séisme provoqué par son tweet, El Othmani l’a supprimé. Mais après quoi?
Ce n’est pas la première fois qu’El Othmani embarrasse l’Etat marocain par ses bavardages sur les réseaux sociaux. Il y a un peu plus d’une semaine, il avait adressé ses félicitations au mouvement palestinien Hamas pour ses «victoires» contre Israël, suscitant l’ire de l’ambassadeur israélien au Maroc, David Govrin.
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Une question se pose donc: El Othmani serait-il naïf, et pour nommer un chat un chat, un incompétent, au point de livrer des occasions sur un plateau en or aux parties qui jouent contre le Maroc?
En tout cas, il est urgent que le chef du gouvernement mette un terme à sa série de bourdes et qu’il ne pipe plus mot, pendant les quelques mois qu'il lui reste au gouvernement, au sujet de la politique étrangère du Maroc. A la veille des élections législatives du mois de septembre, Saâd-Eddine El Othmani fait un grand étalage de l’impéritie des cadres composant le parti islamiste qu’il dirige.