La reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara est un «tournant», a affirmé Nasser Bourita, dans une interview accordée à la chaîne i24news, en marge de la visite historique d’une délégation américano-israélienne, ce mardi 22 décembre.
«Cette décision émane de la plus grande puissance au monde, d’un membre permanent au Conseil de sécurité. C’est une percée diplomatique importante, car la démarche derrière cette reconnaissance est une démarche très vertueuse», a argumenté le ministre.
Cette démarche consiste à dire, en substance: «arrêtez de vous focaliser sur un processus. Les processus ne sont pas une fin en soi. Focalisons-nous sur le point d’arrivée. Ce point d’arrivée, c’est d’abord une souveraineté marocaine reconnue et, ensuite, la construction d’une autonomie dans le cadre de cette souveraineté».
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La décision américaine est importante, a-t-il ajouté, car elle donne un sens aux efforts de la communauté internationale. «Aujourd’hui, tout le monde est interpelé», a-t-il indiqué: «faut-il continuer à encourager un processus pour ce qu’il est, ou faut-il donner un sens à cet effort international avec un point d’arrivée?».
Le ministre n’a pas manqué de rappeler à cet égard que depuis 13 ans, les Etats-Unis qualifient le plan d’autonomie marocain de «sérieux, réaliste et crédible». «Aujourd’hui, ce qu’a fait l’administration américaine c’est pousser cette logique jusqu’au bout. Puisqu’on reconnait que l’autonomie est la solution, allons-y», a expliqué le ministre.
A la question de savoir si la future administration de Joe Biden sera tenue de respecter la décision de l’administration Trump, le ministre des Affaires étrangères a répondu que «tout ce qui favorise la paix est à encourager. Aujourd’hui, le paquet qui vient d’être signé où il y a la reconnaissance de la marocanité du Sahara, la consécration de cette vocation de paix qu’a le Maroc et qu’a Sa Majesté et la réactivation des mesures de la coopération avec Israël, est un acquis important pour la paix et la stabilité régionale, au Maghreb et au Moyen-Orient».
«Je pense que la nouvelle administration américaine va trouver cet acquis et la question devrait être comment le fructifier, comment le renforcer, parce que cela fait des années que l’on tourne en rond», a dit le ministre, ajoutant que le Maroc est prêt à travailler avec cette nouvelle administration, dans le cadre de cet acquis.
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Nasser Bourita n’a pas manqué de souligner au passage que l’accord conclu à Rabat le 22 décembre précise que chacune des trois parties (Maroc, USA, Israël, ndlr.) doit le respecter, le promouvoir et le défendre. Les engagements pris doivent être mis en œuvre d’ici à fin janvier.
Revenant sur la question de la cause palestinienne, Nasser Bourita a souligné que la défense de la cause palestinienne «n’est pas incompatible avec le fait d’avoir des relations normales avec Israël».
Quant au rétablissement des relations entre le Maroc et Israël, le ministre a révélé que «le principal visionnaire, le principal artisan, de la réactivation des relations diplomatiques entre les deux pays, c’est bien Sa Majesté le Roi Mohammed VI».
Les pourparlers avec Israël, dirigés par le Roi Mohammed VI, ont en effet commencé dès 2018, a révélé le ministre des Affaires étrangères. «Dès la première rencontre, en mai 2018, le Souverain a cru en ce processus et a veillé à ce qu’il se déroule de façon discrète, efficace et avec conviction. Après tant de travail mené par Sa Majesté le Roi, je pense que le résultat est positif», a-t-il notamment affirmé.
«Dès 2018, Sa Majesté s'est entretenu avec le président américain et a envoyé des délégations aux Etats-Unis, non seulement pour rencontrer les Américains, mais aussi les Israéliens», a révélé le ministre.