Vidéo. Interview: Le diagnostic et l'ordonnance d'El Othamni pour remédier aux dysfonctionnements

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Les événements d'Al Hoceïma, la lutte anti-corruption et la question de l'enseignement ont été au centre de l'interview accordée samedi soir par le chef de gouvernement aux deux chaînes de télévision nationales. Décryptage.

Le 02/07/2017 à 09h55

D'emblée, le chef de gouvernement est formel: "l'enquête ordonnée par le roi sur les événements d'Al Hoceïma sera menée jusqu'au bout et les conclusions qui en découleraient seront rendues publiques. "Le roi a donné des instructions fermes pour la mise en place d'une commission d'enquête sur ces événements et tout un chacun dont la responsabilité sera établie dans l'enlisement des projets sera appelé à rendre des comptes", a assuré Saâd-Eddine El Othmani, en réponse aux questions des journalistes.

Le chef de l'Exécutif reconnaît de facto l'existence de dysfonctionnements dans la concrétisation des "revendications sociales légitimes" de la population d'Al Hoceïma, en ce qui concerne l'enlisement des projets présentés au roi mais restés non aboutis. En cause, explique-t-il, il y a d'abord le manque de coordination entre les différents départements ministériels. "Il y a désormais une unité, au niveau de la présidence du gouvernement, pour coordonner et faire le suivi des différents projets du royaume. L’objectif est de répondre à la problématique de la coordination dans le travail de chaque département", a indiqué M. El Othmani.

Par ailleurs, le chef du gouvernement a regretté que des incidents aient eu lieu lors des manifestations, relèvant toutesfois que nombre d'éléments des forces de l'ordre ont su faire preuve d'un degré élevé de retenue et déplorant à ce niveau que des blessés aient été enregistrés de part et d'autre. "Il y encore deux membres des forces de l’ordre en réanimation, dont un a subi des fractures crâniennes", a-t-il indiqué.

Seulement voilà, il ne faut pas en rester à ce stade. Il y a des attentes que le gouvernement est appelé à régler en toute urgence pour réparer les dysfonctionnements. "Pas moins de 200 appels d'offres ont été lancés par l'Agence de développement des provinces du Nord", annonce-t-il. Un programme qui ne tardera pas à être concrétisé, promet M. El Othmani, affirmant toutefois avoir besoin que "la situation se calme pour mener à bien et réaliser les chantiers initiés au profit de la population locale".

Des clefs pour remédier à la probématique de l'enseignementLe chef du gouvernement assure par ailleurs que l'enseignement, véritable plaie nationale, figure au centre des priorités de son cabinet. "Nous nous attelons actuellement à finaliser les termes d'une loi-cadre qui va propulser l'enseignement national", s'est-il engagé. Première mesure prise, elle concerne la surcharge des classes. "Le nombre d'élèves par classe passera l'année prochaine de 60 à 30 élèves", a-t-il indiqué. Pour ce faire, pas moins de "34.000 postes d'emploi ont été créés", annonce M. El Othmani, évoquant également le lancement d'une opération d'envergure pour l'améliroation de l'état des établissements scolaires et la modernisation des équipements à travers tout le pays.

Lutte anti-corruption, la recette El OthmaniLa corruption a également été évoquée par M. El Othmani. "Nous prenons très au sérieux les rapports de la Cour des comptes", a-t-il souligné. Il a affirmé à cet égard que plusieurs responsables ont été arrêtés et déférés devant la justice. Il existe aussi une stratégie nationale de lutte anti-corruption à l'élaboration de laquelle ont été associés des entrepreneurs, des acteurs de la société civile, l'instance de prévention contre la corruption... "La stratégie de lutte contre la corruption a pris le temps nécessaire pour être mise en place. Et la commission de lutte sera mise en place durant les prochaines semaines avec des objectifs et moyens définis".

Simplement, l'efficacité de cette lutte dépend aussi de la coopération du citoyen", relève-t-il. "J’insiste sur le fait que la lutte contre la corruption est une mission de tous, comme l’ont prouvé les dernières affaires rapportées par la presse". Le rôle des médias dans la mise à nu des affaires de corruption a ainsi été sollicité par le chef du gouvernement, précisant que "le parquet peut désormais ouvrir des enquêtes sur de simples articles de presse, s'ils sont bien faits". "La loi s’applique à tous, parlementaire ou pas (affaire Chaou). Il y a eu des visites de commissions sécuritaires qui ont convaincu que le chefs d’accusation méritent un procès équitable. (...) Les Pays-Bas ont prouvé la confiance en la justice marocaine", a-t-il encore mis en exergue.

Par Ziad Alami
Le 02/07/2017 à 09h55