Depuis le 17 juin, trois opposants à la direction du Polisario ont été enlevés. Il s’agit de Moulay Abba Bouzid, d’El Fadel Breika et de Mahmoud Zaidane.
Lors de la tenue de la 41e session des travaux du conseil des droits de l’Homme à Genève, début juillet, des acteurs associatifs sahraouis unionistes ont exposé les cas de ces trois opposants et demandé que leur sort soit élucidé. Une intense action de sensibilisation, avec affiches, flyers et stands, a été menée ce qui n’a pas été du goût des diplomates algériens présents sur place.
Les acteurs associatifs sahraouis ont réussi à faire entendre leur voix et à dévoiler à la communauté internationale la face hideuse (un euphémisme) d’une bande qui veut sévir impunément dans les mouroirs de Tindouf avec la complicité de son mentor algérien.
L’un des moments forts de cette campagne est quand une dizaine d’associatifs sahraouis ont pris la parole, en séance plénière pour dénoncer l’existence de zones de non-droit sur le sol algérien et où le Polisario ne veut entendre parler d’aucune liberté. Et où les enlèvements et les disparitions tiennent lieu de règle.
Les intervenants sahraouis unionistes, dont le secrétaire général de la Ligue du Sahara pour la démocratie et les droits de l’homme (ISDDH), Zine El Abidine El Ouali, ont dénoncé les purge menées par les milices armées du Polisario à l’encontre des sahraouis de Tindouf et les pratiques répressives ciblant les opposants à la politique de la direction séparatiste. Ces purges, ont-ils expliqué, ciblent surtout les journalistes et bloggeurs. Et cela ne fait que renforcer l’image que cette bande renvoie d’un «régime» aux abois face à la contestation des populations des camps.
Par la même occasion, ces acteurs associatifs sahraouis ont attiré l’attention de la communauté internationale sur les cas du trio de disparus (Bouzid-Breika-Zaidane), en appelant à une intervention urgente pour faire pression sur le gouvernement algérien et l’amener à assumer ses responsabilités quant à l’intégrité physique de ces derniers, mais aussi la protection des jeunes manifestants, ainsi qu'au respect de la liberté de mouvement et de commerce entravée par les exactions des milices armées du Polisario.
L’un des intervenants a étayé ses propos en hissant devant l’assistance des pancartes illustrant les interventions des blindés du Polisario pour disperser des manifestants civils à Rabouni.
En marge de ces travaux, les acteurs associatifs sahraouis ont tenu des rencontres avec des cadres du HCDH, du CICR, ainsi qu’avec des experts du groupe de travail sur la disparition forcée ou involontaire (GTDFI). A ces cadres, les acteurs associatifs sahraouis ont remis des fiches individuelles relatives aux disparus, avec moult détails. Aux alentours du Palais des nations, les associatifs sahraouis ont organisé plusieurs autres activités (stands, affichage, distribution de flyers, des one-to-one avec les Genevois…) pour sensibiliser au cas des trois blogueurs disparus.
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Ces diverses activités ont bénéficié du soutien des membres de l'organisation la Colombe blanche, conduits par le président de cette ONG, Ali Jeddou. C’en était trop pour les séparatistes et les diplomates algériens qui ont été complètement déboussolés par ce déploiement d’envergure.
L’ambassadeur algérien à Genève, Boujemaâ Delmi, furieux, a fait montre d’une grande agressivité au point d’arracher les affiches relatives au cas des trois journalistes sahraouis disparus placardées sur le tableau d'affichage dédié aux ONG, devant la salle 20 (abritant les séances plénières).
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Il a même osé injurier les acteurs associatifs sahraouis les taxant de «traitres». Les acteurs associatifs sahraouis ont fini par déposer plainte auprès du secrétariat du Conseil des droits de l'Homme et de la police genevoise, alors que le représentant du Maroc a Genève a protesté auprès du président dudit conseil contre les agissements inacceptables de l'ambassadeur algérien.