BFMTV et RMC ont diffusé dans la matinée de jeudi 4 février une émission (Bourdin Direct) où étaient invités Patrick Baudouin, une jeune journaliste de RMC et une invitée surprise: une femme rebaptisée Sonia. Cette dernière est présentée comme ayant été la personne qui aurait appelé la police française pour lui indiquer le lieu où se cachait, à Saint-Denis, Abdelhamid Abaaoud, chef opérationnel des attentats de Paris.
Celle dont on ne connaît ni le nom, ni le visage se lance dans de grandes «révélations» qui résistent mal à l’épreuve de la vraisemblance.
Elle dit être une amie de grande date de Hasna Aït Boulahcen, la cousine d' Abaaoud et, qu’à ce titre, elle avait assisté au retour en France de ce dernier. Et qu’elle l’a même rencontré au moment où sa cousine était allée le rechercher en voiture.
Mieux encore. Abdelhamid Abaaoud, qui rencontre Sonia pour la première fois, se confie à elle comme on le ferait devant le Bon Dieu. Il lui aurait avoué être entré en France en tant que réfugié syrien en compagnie de 90 autres jihadistes de plusieurs nationalités. Il lui avoue être l’auteur des attentats de Paris.
Que l’on s’imagine un peu la scène! Voici un terroriste professionnel, entraîné chez Daech en Syrie, et qui confesse ses crises à une jeune femme qu’il croise pour la première fois dans la voiture de sa cousine.
© Copyright : Le360
Mieux! Non seulement il lui avoue être le cerveau des attentats du 13 novembre, mais la met au courant même de ses projets d’avenir. Sonia affirme dans l’émission de Bourdin, grand spécialiste du sensationnel, qu' Abaaoud lui a donné tous les détails des attentats qu’il projetait à la Défense.
Par la suite, Sonia dit avoir aidé Abaaoud et sa cousine à trouver une planque.
Récapitulons! L’homme le plus recherché par les services de sécurité de plusieurs pays rencontre une inconnue pour la première fois et se met à tout dévoiler. Par la suite, il lui fait une confiance aveugle au point de la laisser connaître le lieu où lui et ses adjudants allaient se cacher! Une histoire à dormir debout, dirait-on même en abusant d’un euphémisme!
Dans le lot, Sonia et éventuellement ceux qui lui ont soufflé ce scénario ont commis une grave erreur de timing. Les renseignements marocains ont transmis à leurs homologues français les informations relatives à Abdelhamid Abaaoud dès le lundi 16 novembre. Sonia, elle, affirme qu’elle a appelé le 18 du même mois la police pour les avertir.
Or, tout le monde sait qu’une opération d’une telle envergure comme l’assaut contre l’appartement de Saint-Denis ne se prépare pas en quelques heures, ni au pied levé.
Trop de coïncidences
Comme par hasard, dans le studio, se trouve Patrick Baudouin, avocat spécialiste de toutes les «causes» (perdues) tendant à nuire au Maroc (Capitaine Adib, Zakaria Moumni, Ahmed Benchemsi et… Maâti Monjib). Me Baudouin affirme que la jeune femme, héroïne d’un «courage extraordinaire», a eu recours à lui en tant que président d’honneur de la FIDH.
Comment? Par quel truchement? On ne le saura jamais.
Mais le message que les invités de Jean-Jacques Bourdin voulaient transmettre ce matin était loin d’être un cri d’humanistes qui voulaient venir au secours de la «sauveuse» de Paris.
Car, toute cette pleurnicherie a été déployée pour remettre en cause le fait que ce sont bien les services de renseignement marocains qui ont transmis de précieuses informations à leurs homologues français sur la cache de Abdelhamid Abaaoud.
A l’époque, les autorités françaises ont fait le black-out sur cet élément, mais ont fini par tout admettre. D’abord, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, qui révèle que ce sont les services de renseignement d’un «pays non européen» qui sont à l’origine de la découverte de la cache de Saint-Denis. Et puis, une reconnaissance officielle du rôle du Maroc et d’une collaboration qui a évité à la France d’autres massacres sur plusieurs sites névralgiques de la capitale française.
Cette reconnaissance a été exprimée au plus haut niveau de l’Etat français par François Hollande, président de la République, lors d’une rencontre à Paris avec le roi Mohammed VI.
"Le président de la République française a remercié Sa Majesté le roi Mohammed VI pour l'assistance efficace apportée par le Maroc à la suite des attentats de vendredi dernier", avait souligné un communiqué du Cabinet royal à l’issue de cette rencontre le 21 novembre à l’Elysée.
Sonia (éventuellement une apprentie-Moumni version française!) est libre d’essayer de faire chanter son pays, prétendre peut-être à de subséquents moyens de subsistance et, même, avoir une sécurité rapprochée et une limousine blindée. Mais de là à raconter des charades et à se faire relayer par des médias français, la ficelle est trop grosse pour passer inaperçue!