Les banques marocaines seront-elles chassées du sol de l’Union européenne? Un projet de directive, actuellement en discussion au parlement européen, menace en tout cas sérieusement leur présence. En l’état, ce texte prévoit d’interdire à toutes les banques étrangères non établies sur le sol de l’Union européenne de proposer des services bancaires des pays d’origine à leurs clients résidents dans l’UE.
C’est Assabah qui revient, dans son édition du mercredi 13 février, sur cette problématique qui fait craindre le pire aux banques marocaines depuis quelques semaines. En effet, si cette directive est adoptée, elle impliquerait sans doute une cessation d’activité des banques marocaines en Europe, et cela a été même reconnu par la ministre de l’Economie et des Finances en réponse à une question soumise par des Conseillers à la deuxième chambre du Parlement.
Ces établissements opèrent actuellement dans l’intermédiation bancaire et proposent à leurs clients, notamment à des Marocains résidant à l’étranger, des services bancaires comme l’ouverture et la gestion de comptes, ou encore le transfert d’argent. Cette activité ne sera plus tolérée si la nouvelle directive entre en vigueur.
Assabah rappelle, par ailleurs, que l’étau sur les banques marocaines opérant dans l’UE se resserre déjà depuis quelques années, puisqu’une série de décisions sont venues leur imposer des conditions drastiques pour opérer sur le sol européen à travers des filiales ou des bureaux de représentation. A ce niveau, il faut souligner que les établissements bancaires marocains disposent actuellement de plus d’une cinquantaine de représentations dans le monde et opèrent dans pas moins de sept pays européens. Cela leur a permis de rester proches de la communauté des Marocains du monde à qui ils facilitent l’accès aux services bancaires.
Pour le quotidien, les banques européennes ne sont pas insensibles au succès que connaissent les banques marocaines auprès de cette communauté et qui leur crée une forte concurrence. Si la nouvelle directive est adoptée, ce sont donc ces banques qui en tireraient profit. Assabah souligne, par ailleurs, que le projet de cette directive intervient dans un contexte marqué par une forte croissance des transferts d’argent des Marocains du monde vers leur pays d’origine, un service généralement offert par les représentations des banques marocaines en Europe. Rien qu’en 2021, ces transferts ont augmenté de 37%, une croissance qui s’est poursuivie en 2022.
Intervenant récemment lors d’une conférence sur ce dernier sujet, le gouverneur de la Banque Centrale en avait d’ailleurs profité pour prévenir contre l’impact que pourrait avoir la nouvelle directive européenne sur l’ensemble des banques étrangères établies sur le sol de l’UE, y compris les banques marocaines.