Avec le décès de Mohamed Idrissi Kaitouni, directeur général du journal L’Opinon, le Maroc a perdu "une grande personnalité qui a joué un grand rôle dans la promotion du journaliste et de la liberté d’expression", a déclaré ce mercredi à Le360 le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi. Kaitouni est décédé mercredi matin à l’âge de 67 ans à l’hôpital militaire Mohammed VI de Rabat où il avait été récemment admis pour des complications rénale et cardiaque. Il souffrait aussi de diabète.
L’ancien secrétaire général de l’Istiqlal Abbas El Fassi, par ailleurs ancien Premier ministre, a qualifié le défunt de "très grand militant istiqlalien". "Dès son jeune âge, il avait intégré la jeunesse scolaire puis l’Union générale des étudiant du Maroc (UGEM). Il était très engagé", a-t-il souligné à Le360. "Après sa licence en droit, le défunt avait choisi le journalisme. Il écrivait un éditorial chaque jour. Il défendait toujours les acquis et référentiels du royaume à savoir Dieu, la patrie et la monarchie. Malgré la maladie, il était resté fidèle à son poste et à ses convictions".
"Il a eu des démêlées avec l'Intérieur..."
Abbas El Fassi se rappelle qu’en 1987, Mohamed Idrissi Kaitouni avait eu des démêlées avec le ministre de l'Intérieur de l’époque, Driss Basri. "Oui il avait eu des problèmes en ce moment en raison de ses idées", a dit l’ancien Premier ministre istiqlalien en oubliant de dire que le défunt roi Hassan II avait gracié Idrissi Kaitouni à la suite d’une intervention des Chorafas idrissynnes de Fès. Il sera inhumé jeudi à Fès car "il fait partie de la grande famille des Idrissides", a conclu Abbas El Fassi.
Un autre grand poids lourd de l’Istiqlal M’Hamed Boucetta et ancien compagnon n’a pas tari d’éloges estimant que le défunt est "irremplaçable" dans la vie du parti. "Il a laissé un grand vide", a déclaré à Le360 Boucetta, ancien numéro un de l’Istiqlal et ancien ministre des Affaires étrangères. Kaitouni avait joué un rôle important dans la gestion du journal surtout dans des moments difficiles qu’avait connus politiquement le Maroc. C’était un ami, un militant et un fidèle".
Discret et humble
L’ancien secrétaire général du Parlement et cousin du défunt, Rachid Idrissi Kaitouni a estimé qu' "il a toujours aimé ce qu’il faisait dans la discrétion, l’abnégation et l’humilité". "C’était un monsieur qui était resté toujours dans l’anonymat", a estimé cet ancien ambassadeur du Maroc à Prague. Un membre du Conseil national de l’Istiqlal, docteur Mohamed Zidouh, a indiqué pour sa part que le défunt a géré "les moments difficiles où la lutte pour la liberté de la presse et de la démocratie avait un prix".
Au sein de la famille rédactionnelle de L’Opinion, Naim Kamal avait été l’un des rares journalistes ayant côtoyé Kaitouni pendant plusieurs décennies. Considéré anciennement comme l’un des piliers de L’Opinion, Naim Kamal se rappelle quand le défunt avait été désigné par l’Istiqlal en 1977 comme directeur du quotidien. "On a connu des moments exaltants et d’autres moins exaltants. Ces dernières années, il était plus malade qu’en bonne santé et forcément cela a eu un impact sur le fonctionnement du journal", a déclaré à Le360 Naim Kamal. "Je garderai de lui de bons souvenirs. C’était un journaliste militant", a-t-il conclu.