Tribune. Lamia Boutaleb: "croire en notre pays"

Lamia Boutaleb.

Lamia Boutaleb. . DR

Ancienne secrétaire d'Etat au Tourisme et membre du bureau politique du RNI (Rassemblement national des indépendants), Lamia Boutaleb donne sa lecture quant aux choix stratégiques que le Maroc devra faire, une fois passée la crise sanitaire du Covid-19.

Le 16/04/2020 à 14h25

La crise du coronavirus laissera notre pays sans doute dans une récession à l’instar de tous les autres pays du monde*. Cela dit, les orientations que prendra le Maroc relatives à la sortie de cette crise seront décisives pour les cinq à dix prochaines années. Choisira-t-on une politique d’austérité, de repli sur soi, et d’orthodoxie budgétaire, ou encore de pari sur la résilience de notre pays, sur l’impulsion de la croissance de notre économie et sur la création d’opportunités d’emplois pour nos concitoyens?

En plus du soutien aux ménages, axe primordial de notre survie économique, notre plan de sauvetage économique devrait avoir trois objectifs:

1- encourager la population à retrouver leur emploi. A cet effet, et pour un déconfinement au plus tôt qui permettrait de limiter l’impact de cette crise sur notre économie, chaque entreprise devra s’engager à mettre en place les mesures sanitaires et de distanciation sociale, ainsi que le transport des employés afin de garantir leur santé.

2- Encourager la confiance des opérateurs en l’économie domestique. Cela se fera par:(i) l’investissement public massif, à l’instar des initiatives de la Chine, par le lancement de projets d’infrastructure importants, notamment d’infrastructures de santé, qui permettront d’impulser la relance, redémarrer l’activité économique et le cycle vertueux de consommation des ménages qui en résultera;

(ii) la mise en place d’exonérations fiscales et de diminution de charges à destination des entreprises (malgré la situation difficile des finances publiques), afin de sauver les emplois et leur permettre de passer cette période difficile;

(iii) mettre en avant l’exemple des champions patriotes, des symboles nationaux qui relanceront leurs investissements à la sortie de la crise, qui seront encore plus offensifs et qui maintiendront leurs emplois.

3- Protéger les PME des faillites. En Chine, 60% des PME n’avaient toujours pas redémarré en mars 2020. Les PME devront être protégées par des programmes spécifiques, notamment la mise en oeuvre de véritables relais de financement du BFR, d’escomptes de créances clients et garanties étatiques afin de soutenir l’entreprise par le secteur bancaire malgré les risques importants y afférents.

Il s’agit de changer de paradigme, d’être offensif afin que cette crise se résorbe rapidement et que ses effets ne soient pas encore ressentis dans plusieurs années à travers un processus lent de fermetures d’entreprises, pertes d’emplois et de compétitivité. Toute rupture est génératrice d’opportunités. Je suis convaincue que notre pays pourra en profiter, notre gouvernance nous permet d’être plus agiles que d’autres pays. Nous l’avons vu dans la gestion admirable de cette crise, et les décisions importantes prises rapidement et efficacement grâce à la vision de Sa Majesté le Roi.

Ceci est une chance, nous nous devons de la saisir à la veille de la redistribution des cartes économiques et des marchés, à un moment où chaque puissance voudrait être plus autonome, où la règle du coût le plus bas n’est plus la seule qui régira les marchés, où la proximité géographique et la diversification des sources d’approvisionnement deviennent tout aussi importantes.

*Contribution dans le cadre de l'appel de la plateforme https://maba3d-corona.com

Par Lamia Boutaleb
Le 16/04/2020 à 14h25