Séisme d’Al Haouz: le PJD tient absolument à répliquer, en brandissant de fantomatiques «péchés politiques»

Abdelilah Benkirane aux assises nationales de la fiscalité, à Skhirat, le 29 avril 2013.. Brahim Taougar/360

Revue de presseDans un communiqué, Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD, opposition) explique que le séisme de la région d’Al Haouz est la conséquence des « péchés politiques», parmi lesquels il compte le résultat des précédentes élections législatives. C’est à peine s’il ne suggère pas que c’est, en fait, la chute du PJD au cours de ce scrutin qui a été la conséquence de ce séisme. Une revue de presse d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 25/09/2023 à 20h15

Alors que l’ensemble des institutions du Royaume et les Marocain(e)s se concentrent sur la gestion des conséquences du séisme du 8 septembre dernier dans la région d’Al Haouz, la direction du PJD, elle, a décidé de contribuer à cette mobilisation générale avec un communiqué aux termes hallucinants.

Alors que des géologues étudient la faille du Rift, afin d’éventuellement déterminer quelles pourraient être les origines de ce séisme, Abdelilah Benkirane lui, a trouvé des «causes religieuses» à ce désastre humanitaire et infrastructurel.

Le secrétaire général du PJD considère que ce seraient des «péchés politiques» qui ont fait trembler la terre de nombreux douars de six provinces du Royaume, indique Al Ahdath Al Maghribia, ce mardi 26 septembre 2023.

Cette assertion de Abdelilah Benkirane, transmuée en un communiqué, initie un concept nouveau sur en politique: celui des «phénomènes religieux».

Comme à son habitude, le PJD ne se départit pas de son habituel positionnement, le fait d’instrumentaliser la religion musulmane à des fins politiques, par l’adoption d’un discours irrationnel et catastrophiste.

Pendant ce temps, le Roi et les Marocains ont franchi de grandes étapes dans la gestion des conséquences de cette catastrophe, et ont d’ores et déjà pu panser de nombreuses blessures, loin de toute rhétorique à la Benkirane.

Cette gestion efficace, qui s’effectue grâce à une solidarité que les Marocains connaissent bien, se déroule avec célérité, après l’élaboration d’un programme d’urgence pour la reconstruction et la réhabilitation des régions sinistrées.

Al Ahdath Al Maghribia signale que le communiqué de Abdelilah Benkirane a entraîné une série de critiques sur les réseaux sociaux. Mais le secrétaire général du PJD s’est obstiné: «il faut qu’on sache que le fait de «se tourner vers Dieu» signifie que nous sommes très loin de lui dans des questions précises. Il importe donc de revenir vers Allah le Tout-Puissant, pour qu’il panse nos blessures et compense notre malheur par le bien».

Pour Abdelilah Benkirane, il faut absolument être concis: «la question qui se pose ne concerne pas seulement les erreurs individuelles, mais il s’agit aussi de péchés d’un point de vue politique, que l’on trouve dans la vie politique en général, les élections, les responsabilités et la gestion publique».

Des propos qui sous-entendent, en fait, que les leaders du PJD pense sérieusement que des «plaques tectoniques» ont bougé après la chute de ce parti aux élections du 8 septembre 2021. Et ce, le croient-ils, dans le but de «revenir vers Dieu afin qu’il nous pardonne», ce qui nécessiterait selon eux de faire revenir les électeurs aux urnes. Des élucubrations qui ont entraîné de nombreux internautes, issus de divers milieux, à émettre de nombreuses critiques.

Certains d’entre eux ont même estimé que si Abdelkader Amara, ex-ministre de l’Equipement, avait démissionné peu après de l’ensemble des instances de ce parti, c’était là une réponse qu’il apportait à la publication de ce communiqué.

D’autres militants de ce parti islamiste se sont quant à eux retrouvés à devoir reconnaître ce qui est un dérapage énorme de la part de leur secrétaire général.

Sur Facebook, Ali Ghanbouri, analyste politique, écrit ainsi très bien se souvenir d’un autre communiqué émis par le PJD, dans lequel, en février 2023, le parti islamiste avait présenté ses condoléances après le tremblement de terre qui a frappé la Turquie. Curieusement, a-t-il remarqué, les propos qu’avait tenus Benkirane «ne comportaient ni imprécations, ni exhortations comme il vient de le faire pour le séisme d’Al Haouz».

Par Hassan Benadad
Le 25/09/2023 à 20h15