Scandale. Panneaux publicitaires. Comment le maire de Casablanca fait perdre une vraie fortune à la ville

Au milieu, Abdelaziz El Omari, maire de Casablanca.

Au milieu, Abdelaziz El Omari, maire de Casablanca. . DR

Revue de presseKiosque360. Le Conseil de la ville de Casablanca est en train d’apporter les dernières retouches pour faire passer un obscur marché portant sur 2.600 emplacements pour des kakémonos au prix de 1.200 dirhams pièce alors que leur valeur réelle est de quatre à cinq fois plus chère. Les détails.

Le 04/10/2019 à 11h21

D’aucuns savaient que le Conseil de la ville de Casablanca était habité par nombre d’incompétences. Mais de là à faire rater au budget de la ville plusieurs dizaines de millions de dirhams, voilà qui relève du ridicule et devrait faire l'objet de reddition de comptes.

C’est du moins ce dont nous informe le quotidien Assabah, dans sa livraison de ce jeudi 3 octobre. Ainsi, ce conseil, présidé par le maire islamiste Abdelaziz El Omari, aussi taiseux que controversé, s’apprête à faire passer ce marché colossal d’emplacements pour Kakémonos, supports d'affichage publicitaire suspendus verticalement, à un prix dérisoire, largement en-deçà de sa valeur réelle.

Le deal porte sur pas moins de 2.600 emplacements, pour des panneaux devant être accrochés sur des poteaux d’éclairage public sur certaines des plus importantes artères de la ville. Les arrondissements concernés sont Hay Hassani, Aïn Chock et Anfa. Ce dernier quartier, des plus fréquentés, centralise à lui seul quelque 1.800 emplacements sur le total précité.

Là où le bât blesse, c’est que ce marché a été cédé au prix unitaire de 1.200 dirhams sous forme de loyer annuel. Entendez un total de 3,12 millions de dirhams de recettes… Alors que la valeur minimale de ce marché vaut, à tout le moins, quatre fois le prix de la transaction.

En 2008, déjà, rappelle Assabah un marché identique avait été proposé à 5.000 dirhams l’unité, soit un total de 13 millions de dirhams de recettes annuelles pour une ville qui manque cruellement de ressources financières. L’écart équivaut donc à près de 10 millions de dirhams par an. Aucune société soumissionnaire n’avait alors pu s’aligner sur le tarif avancé par la ville. Et ce dossier avait, entre-temps, été placé dans un tiroir et paraissait oublié.

Pourquoi donc revenir, 11 ans après, et adjudiquer ce même marché, à une valeur quatre fois inférieure?

Alors que des voix s’élèvent, au sein même du Conseil de la Ville et de parties prenantes (telle la Lydec), pour contester cette transaction, la mairie, quant à elle, semble vouloir mettre tout le monde devant le fait accompli et a d’ores et déjà annoncé le nom de l’exploitant ayant remporté ce curieux deal.

Un deal qui, s’il avait été validé dans les temps, il y a de cela 11 ans, aurait fait gagner à Casablanca près de 140 millions de dirhams. Autant de manque à gagner, donc, sur un marché que Abdelaziz El Omari, l’actuel maire, entend accorder comme un «don», selon les détracteurs de ce drôle de projet.

Honteux.

Par Youssef Bellarbi
Le 04/10/2019 à 11h21