Une luxueuse villa située sur le boulevard Mohammed V et jouxtant la plage, dans la commune de Saïdia, est louée à 200 dirhams par mois. Ce bijou immobilier, qui appartient à la commune, est exploité depuis l’année 2010 par l’ancien président de la commune de Saïdia dans la province de Berkane. Pire encore, le contrat de bail a été signé par le président de la commune, en personne, à son propre profit, quand il était aux commandes de cette collectivité territoriale, il y a de cela dix ans.
Selon les sources du quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du mardi 3 novembre, cette affaire a été dissimulée par les responsables de la commune et des autorités de tutelle de la région. Mais des acteurs de la société civile sont montés au créneau pour dénoncer ce scandale qu’ils inscrivent dans la case de l’abus de pouvoir, du trafic d’influence et de la dilapidation de deniers publics. Les sources du quotidien, qui détiennent une copie du contrat de bail, précisent que «la commune à cédé en location une villa luxueuse au fonctionnaire Hassan Benmoumen, qui n’est autre que le président». Et à raison de 200 dirhams par mois, ces mêmes sources estiment que «la valeur totale versée par le président à la commune depuis l’année 2010 est d'à peine 22.400 dirhams», sachant que «la valeur d’un pareil bien immobilier au même endroit atteint, durant la saison estivale, pas moins de 30.000 dirhams par mois».
De plus, cette transaction constitue une violation de la loi organique régissant la gouvernance locale. Dans son article 65, cette loi dispose qu’«il est interdit à tout membre du Conseil de la commune d’entretenir des intérêts privés avec la commune, les établissements de coopération intercommunale ou les groupements des collectivités territoriales dont la commune est membre, les instances ou établissements publics, les sociétés de développement qui en dépendent, ou de conclure avec eux des actes ou des contrats de location, d’acquisition, d’échange ou toute autre transaction portant sur des biens de la commune…».
Depuis 2010, l’ancien président exploite toujours ce bien immobilier, même si la commune est gérée par un autre président. Le comble est que personne, au sein du Conseil où cet ancien président est membre dans l’opposition, n’a jamais soulevé cette question, ne serait-ce que dans le but de réviser la valeur de la location de cette luxueuse villa. Ce scandale, conclut le quotidien, n’est qu’un cas parmi plusieurs d'autres dans cette commune où quelque trente biens immobiliers sont squattés de la même manière et abritent des locataires qui ne payent même pas les frais d’eau et d’électricité.