Mercredi 17 juin, la Haute représentante de l’UE aux Affaires étrangères, Federica Mogherini, a rencontré cinq ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel. Moussa B. Nebie (Burkina Faso), Abdoulay Diop (Mali), Vatma Vall Mint Soueina (Mauritanie), Kane Aïchatou Boulama (Niger) et Moussa Faki Mahamat (Tchad).
Organisés dans un groupe nommé G5 Sahel, ces ministres ont eu des entretiens «fructueux» avec le chef de la diplomatie européenne, Federica Moghreini, comme en témoigne le communiqué conjoint diffusé à l’issue de leur rencontre. Dans ce communiqué, dont Le360 détient copie, les participants se félicitent, à l’envi, de cette première rencontre destinée à partager les points de vue sur la question sahélienne. Lors de cette réunion, «nous avons pu constater la convergence de nos analyses sur la situation au Sahel et partager notre réflexion sur la manière de répondre aux défis sécuritaires qui nous affectent», est-il relevé dans le communiqué.
Alger superbement ignorée !
Seulement voilà! A aucun moment, le «rôle» d’Alger dans la région du Sahel n’a été cité dans le communiqué. Même pas une évocation du mot «Alger» dans un communiqué pourtant fleuve, ce qui sonne comme un cuisant camouflet pour un pays qui voulait se faire passer pour le «gendarme» de la région; même s’il n’en a ni l’étoffe ni la crédibilité.
Pas un seul mot sur le fameux «Accord d’Alger» signé le 27 février 2015 entre les parties maliennes, sous le regard (enchanté) du ministre Ramtane Lamamra … Comble des combles, les ministres des AE du G5 Sahel ont fait l'impasse sur toute contribution algérienne, vraie ou supposée, à «l’aboutissement du processus de paix au Mali, auquel nous avons activement participé ensemble pour résoudre la crise» !
Dans le même communiqué, les ministres du G5 Sahel ont marqué leur «engagement», aux côtés de l’UE, «à tout mettre en œuvre pour accompagner la mise en œuvre de l’accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali signé le 15 mai 2015 à Bamako».
Evoquant la crise libyenne, pas une seule «mention» de l’Algérie encore que son ministre des AE ait organisé, à Alger, trois rounds du dialogue inter-libyens. «Nous avons rappelé l'importance pour les parties libyennes d'arriver rapidement à un accord sur un gouvernement d'unité nationale et nous appuyons les efforts du Représentant spécial des Nations Unies, M. Bernardino Leon», est-il encore écrit dans le communiqué.
Autre constat, et pas des moindres : si le communiqué de Bruxelles a ignoré Alger, il a en revanche fait valoir le rôle régional du Maroc. «Nous sommes convenus que le déroulement de ce Plan régional devrait aller de pair avec l’instauration entre nous d’un dialogue politique régulier et structuré en pleine complémentarité avec ceux des organisations régionales et sous régionales, ainsi que les différents processus existants tels que ceux de Nouakchott et de Rabat».
Voilà, vous avez bien lu : «Rabat». «L’Algérie, pays pivot dans le règlement des crises malienne et libyenne, n’a à aucun moment été citée lors de la rencontre qui a eu lieu dans la capitale belge», s’affolait, hier jeudi 18 juin, le journal Algérie patriotique. Mais ce que ce journal a omis d’écrire, c’est qu’aucun pays au monde n’est dupe des supercheries algériennes. On ne peut être pyromane et tenter de se faire passer pour le sapeur-pompier!