Abdelouahed Radi a souvent cultivé le secret sur sa vie, son parcours de militant socialiste de la première heure, sa trajectoire de doyen des parlementaires marocains, d'ancien ministre de la Justice, et surtout de témoin d'une époque. Celle du Maroc post-Indépendance, voire celle du Maroc colonial. A 82 ans, il change de cap et décide, pour la première fois, de se confesser à travers un récit autobiographique qu'il se prépare à publier aux éditions du Centre arabe du livre Casa-Beyrouth, sous ce titre révélateur: "Le Maroc que j'ai vécu".
Une autobiographie de 800 pages à travers laquelle défilent, par ordre chronologique, les étapes marquantes de la vie de l'auteur, à commencer par son enfance. Abdelouahed Radi perd sa mère alors qu'il avait six ans, lit-on dans la première mouture du livre à paraître. Et comme un malheur ne vient jamais seul, il perd aussi son père à l'âge de neuf ans.
Né en 1935 à Salé, Radi vivra les affres de la Première guerre mondiale. Dans ce livre, il affirme avoir assisté au débarquement des troupes américaines au large de l'Atlantique, avoir participé au soulèvement du 11 juin 1944 contre le colon français... Du coup, un éveil précoce à l'amour de la patrie qui se traduit par une inscription effective et concrète dans l'action associative, elle-même cimentée par un engagement politique dans les rangs du Parti de l'Istiqlal, puis de l'UNFP, née d'une scission du parti de Allal El Fassi, en 1959.
Après avoir gagné la confiance des caciques de l'UNFP, dont son fondateur Mehdi Ben Barka, Radi décroche son premier siège au Parlement à l'âge de 27 ans. Il rentre ainsi dans les Annales en tant que plus jeune parlementaire au Maroc! Et il y restera jusqu'à aujourd'hui, pour décrocher ce statut enviable de "doyen des parlementaires marocains". Fait inédit, Radi préside toujours aux destinées de la commune rurale "Laqssibya", située entre Yahya El Gharb et Sidi Slimane. Il n'a jamais été battu dans cette commune où il continue de jouir d'estime et de considération.
C'est là le récit d'un long parcours pendant lequel il a côtoyé, voire tutoyé, de grandes figures de la scène politique nationale, tels Abderrahim Bouabid et Abderrahmane Youssoufi.
Dans cet ouvrage, Abdelouahed Radi livre aussi son regard de témoin de son époque. Son récit est construit en plusieurs parties, consacrées tour à tour au règne de feu Hassan II, au nouveau règne de Mohammed VI, au Mouvement national, à l'Union nationale des étudiants marocains (UNEM) dont il a présidé une section étrangère du temps où il étudiait en France)...
Bref, un véritable parcours de combattant!
Le livre, qui sera diffusé à l'occasion du prochain Salon de l'édition et du livre de Casablanca (SIEL), a été co-écrit avec l'ancien président de l'Union des écrivains du maroc (UEM), Hassan Najmi, et préfacé par Abdelouahed Radi. En couverture, figure un portrait de l'auteur réalisé par l'artiste Karim Ramzi.