Remaniement: Ces ministres fragilisés

Ces ministres pourraient quitter le gouvernement. 

Ces ministres pourraient quitter le gouvernement.  . DR

Après le décès d’Abdellah Baha et avec le départ annoncé de Mohamed Ouzzine, un remaniement ministériel s’impose. Revue de détail.

Le 29/12/2014 à 19h00

Quand l’Istiqlal a claqué la porte du gouvernement en 2012, personne n’avait imaginé que des personnages au casier politique aussi réduit puissent être ministrables. Un an et demi après les houleuses tractations entre Benkirane et le RNI de Salaheddine Mezouar pour remplacer le Parti de l’Istiqlal, la nécessité d'un nouveau remaniement revient au-devant de l'actualité. Contacté par Le360, Ahmed El Bouz, professeur des sciences politiques à la Fac de Droit de Souissi, avait admis cette nécessité et évoqué, par la même occasion, la possibilité d’une intégration à l'actuel gouvernement du Parti Authenticité et Modernité. Le remaniement n’est, donc, pas dû au seul besoin de trouver un remplaçant à l’ex-ministre Abdellah Baha, ni de trouver un supplétif au ministre Ouzzine, qui serait compromis dans le scandale de la pelouse du Complexe Moulay Abdellah, à Rabat. Pour le chef du gouvernement, il s'agit de rectifier le tir, en vue d’optimiser le rendement et booster une efficacité qui n’est pas le fort de l’actuel Exécutif. Mais qui sont, alors, les ministres qui pourraient être concernés par ce remaniement ?

Bouhdoud, ministre fantômeSi on devait procéder à un sondage d’opinion sur les ministres-fantôme, nul doute que les Marocains décerneraient le grand prix à un certain Mamoun Bouhdoud. Depuis son arrivée au gouvernement Benkirane Bis, le ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’économie numérique chargé des petites entreprises et du secteur informel est aux abonnés absents. Abstraction faite d’une brève déclaration au sujet du Sommet Afrique-Etats-Unis, en août dernier, il n’a fait plus parler de lui, faisant sienne cette formule arabe devenue quasi-proverbiale : «Que de choses n’avons-nous pas accomplies en les délaissant» !

Lahcen Haddad, ministre touristeAlors que le royaume ambtionne de drainer, à l'horizon 2020, 20 millions de touristes, le ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, continue d’évoluer au rythme de la Vision 2010! Le ministre MP s’est illustré en 2014 par l’organisation des Assises nationales du tourisme. Dans les faits, la prestation du secteur reste en-deca des espoirs. Malgré la conjoncture difficile que traverse le monde arabe, et si les chiffres du tourisme sont plutôt rassurants, le royaume n’a pas connu le grand rush touristique promis par le ministre de tutelle. Moralité: les promesses n'engagent que ceux qui veulent y croire! 

Abdeladim Guerrouj: le goût amer du chocolatSur la lancée de Boudoud et Haddad, Abdeladim El Guerrouj, autre ministre MP, est aussi sur la sellette. Et pour cause. Le nom du ministre délégué auprès du ministre de l’Education nationale chargé de la Formation professionnelle reste lié au scandale des confiseries qu’il se serait offertes aux frais du contribuable marocain pour 30.000 dirhams ! On n’est jamais mieux servi que par soi-même…

Moubdie et BerlusconiSi Abdeladim El Guerrouj est passé du ministère de la Fonction publique à celui de la Formation professionnelle, il a légué à son collègue du Mouvement populaire, Mohamed Moubdie, le portefeuille de la Fonction publique, avec son cortège de scandales qui pourraient valoir au fils de Fqih Bensaleh son poste au prochain remaniement. Moubdie ne savait peut-être pas qu’une simple déclaration pouvait lui attirer autant d’ennuis, comme celle qu’il avait faite au sujet de l’affaire Ruby. «Ruby n’était pas mineure au moment où elle s’était invitée au lit de l’ex-président du Conseil italien, Silvio Berlusconi», avait-il lâché, sans mesurer l’effet que sa déclaration allait produire dans les colonnes de la presse italienne. De simple déclaration médiatique, le laïus du ministre a risqué de se transformer en véritable incident diplomatique, mettant ainsi le ministère des Affaires étrangères dans l’embarras.

Hakima El Haïte, la transaction de tropDans le chapelet des reproches à adresser aux ministres MP, figure la titulaire du portefeuille de l’Environnement, Hakima El Haïte. Malgré un bilan plutôt positif pour son département, un député PJD, parti au pouvoir, a accusé la ministre déléguée auprès du ministre de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’Environnement de favoriser un bureau d’études au détriment d’autres, au mépris de la procédure suivie dans la passation des marchés.

Soumia Benkheldoun, la valeur non ajoutéeSi les ministres MP ont fait parler d’eux, d’autres préfèrent, à l'instar de Mamoun Bouhdoud, jouer aux abonnés absents. Il en va ainsi de Soumia Benkheldoun, ministre déléguée auprès du ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, Lahcen Daoudi. Depuis son investiture, la ministre PJD est restée dans l’ombre de son collègue Lahcen Daoudi, au point que son bilan est quasi-nul. Le choix de cette ministre a peut-etre été dicté par le seul souci de meubler l’absence d’éléments féminins dans le premier gouvernement Benkirane... 

Par Ziad Alami
Le 29/12/2014 à 19h00