Il n’y a plus une semaine qui passe sans qu’un grand ponte du paysage politique français ne remet sur la table la nécessité de changer de paradigme au sein de l’Europe – et particulièrement dans l’Hexagone – quant à la question du Sahara marocain. Le dernier en date n’est autre que François de Rugy, député et ancien président de l’Assemblée nationale française.
“La déclaration américaine permet d’avancer vers une résolution durable de cette situation, qui n’est pas tenable dans le temps et il n’est pas souhaitable qu’il y ait une sorte de conflit gelé qui ne tient pas compte des réalités qui existent maintenant depuis plusieurs dizaines d’années”, a souligné l’ex-ministre de l’Ecologie dans un entretien à la MAP.
La reconnaissance américaine permet aussi d’"aller progressivement, avec les instances internationales mais aussi avec l’engagement de pays", vers une solution à ce différend qui n’a que trop duré, a-t-il ajouté. Il a à cet égard qualifié de "très important" l’engagement américain qui constitue une "bonne chose pour le Maroc évidemment, mais aussi pour tous les partenaires du Maroc dont la France fait partie".
En ce sens, François de Rugy a estimé que la France et l’Union européenne "pourraient étudier le fait de s’engager dans le même sens", appelant à ne pas "mésestimer les résistances qui peuvent exister, y compris au sein de l’UE mais aussi chez les voisins du Maroc". A ses yeux, ces résistances "ne doivent pas empêcher d’avancer dans le sens d’une normalisation durable de la situation du Sahara".
Un engagement plus important de la France, estime-t-il, permettra de "conforter le Maroc comme un pays leader au Maghreb et en Afrique dans le domaine de la modernisation économique d’une certaine forme de modernisation et de stabilité politique et d’engagement sur des enjeux très forts, comme le climat".
François de Rugy a un parcours singulier dans la «Macronie» dont il est devenu un poids lourd en occupant deux postes de haut rang: président de l’Assemblée et ministre d’Etat. Il avait rejoint Emmanuel Macron à l’issue des primaires socialistes et a été l’incarnation de son aile «écologiste». De Rugy est lui-même issu des rangs de la famille des Verts dont on connait la position virulente sur la question du Sahara. C’est donc une grande victoire de le voir aujourd’hui soutenir ouvertement la marocanité du Sahara et prendre la mesure du chemin du développement parcouru par le Royaume.
"J’ai pu mesurer durant mes différentes fonctions le rôle positif que le Maroc jouait au-delà de ses voisins immédiats notamment l’Afrique de l’Ouest, y compris dans le domaine de la formation et de l’accompagnement des forces de sécurité, de défense, d’un certain nombre de pays pour qui la structuration des forces de sécurité et de défense est un enjeu très concret notamment dans les pays proches du Sahel et qui sont aujourd’hui soumis à des menaces de déstabilisation de la part de groupes djihadistes", affirme de Rugy.