«Propos politiquement inappropriés, sans précédent dans les annales de ses prédécesseurs et contraires aux résolutions du Conseil de sécurité». «Gestes de complaisance injustifiés»… Tels sont, entre autres, les termes relevés dans le communiqué diffusé, hier mardi tard dans la soirée, par le gouvernement marocain en réaction aux «dérapages verbaux» commis par le SG sortant de l’ONU, Ban Ki-moon, lors de son équipée hasardeuse du côté d’Alger, Tindouf, voire dans la localité marocaine de Bir Lahlou située à l’est du mur de sécurité marocain et évacuée par les Forces armées royales au lendemain de la conclusion de l’accord de cessez-le-feu le 15 octobre 1991, dans le seul et unique objectif de préserver la paix en évitant de se trouver nez à nez avec les milices armées du Polisario.
Des termes pour une fois décapants, incisifs, directs et, pour tout dire, inhabituels à l’égard d’un secrétaire général de l’ONU, le cas échéant le Sud-coréen Ban Ki-moon. Que s’est-il alors passé pour que Rabat change de ton à l’égard du premier responsable de l’ONU ?
Aux grands maux, les grands remèdes!Le gouvernement du royaume du Maroc enregistre «avec une grande stupéfaction les dérapages verbaux, les faits accomplis et les gestes de complaisance injustifiés du SG de l’ONU, durant sa visite à Tindouf et à Alger», est-il relevé dans le communiqué de l’Exécutif marocain.
S’agissant des «dérapages», il y en a un qu’aucun SG de l’ONU, depuis l’éclatement du conflit autour du Sahara en 1975, n’a jamais osé : «Utiliser le terme “occupation“ pour qualifier le recouvrement par le Maroc de son intégrité territoriale» !
Une grosse dérive jamais commise par un SG de l’ONU tenu par une obligation de neutralité et dont le rôle est de faciliter le dialogue entre les parties au conflit et non pas de compromettre les chances d’aboutissement de ce même dialogue en prenant parti en faveur d’une partie au détriment de l’autre.
Parlons clair, parlons vrai! Le SG de l’ONU a perdu toute crédibilité, ou ce qu’il lui en reste, dès lors qu’il a fait scandaleusement sienne la phraséologie mensongère de la partie adverse, c’est-à-dire le Polisario et son protecteur algérien. Comble de la gravité, jamais au grand jamais le terme «occupation» n’a été utilisé ni lors des sessions de l’Assemblée générale, ni lors des réunions du Conseil de sécurité, d’ailleurs seule instance décisive habilitée à statuer sur le conflit saharien.
Ce dérapage est-il à mettre sur le registre du «lapsus», comme l’aura espéré le gouvernement marocain ? Ou le signe d’une capitulation face au lobby algéro-séparatiste ? Tout laisse à penser que le SG «a cédé au chantage» d’Alger, à l’origine même de ce conflit qu’elle continue, quarante après son éclatement, à soutenir financièrement, militairement et politiquement.
Ban Ki-moon, l’incantation dangereuseIl est curieux de relever que, durant toute son équipée les 4, 5 et 6 mars courant à Tindouf et Alger, le SG de l’ONU a évité d’évoquer avec ses hôtes la question épineuse des Droits de l’Homme. Laissons de côté les mille et un rapports internationaux épinglant le voisin de l’est, autant que son protégé séparatiste, sur les violations systématiques des droits humains les plus élémentaires et prenons ne serait-ce que le cas des trois femmes sahraouies naturalisées espagnoles, Maalouma, Najiba et Daraya, qui sont toujours retenues à Tindouf et empêchées de retourner dans leur pays d’adoption, en Espagne.
Pourquoi monsieur Ban Ki-moon a-t-il superbement ignoré les appels lancés par les ONG internationales de défense des Droits de l’Homme, dont Human Rights Watch, pour la libération de ces jeunes femmes ? Il est passé où ce «droit des peuples à l’autodétermination», celui-là même dont se gargarise le SG de l’ONU sans se rendre compte que les deux tiers de la population réside, en toute quiétude, dans les provinces sahariennes marocaines ?
Et puis après, il est passé où cet appel du Conseil de sécurité, émis dans la dernière résolution, pour le recensement de la population de Tindouf ? Pourquoi Ban Ki-moon a-t-il fait l’impasse sur cette revendication internationale et qu’Alger continue de rejeter, au mépris de la vérité et du droit international.
Passons là encore car il y a un autre gros trou amnésique qu’il incombe de combler. Il est passé où ce rapport de l’Office européen de lutte anti-fraude épinglant nommément Alger et Tindouf pour vol de l’aide humanitaire internationale destinée à la population séquestrée ?
Il n'y a qu’à se rendre au port d’Oran, en Algérie, pour s’apercevoir qu’une grande partie des aides humanitaires sont détournées pour être revendues «au noir» sur les marchés de Nouadhibou, Nouakchott, ou plus encore à Alger, Bamako (Mali) et Niamey (Niger).
Un commerce qui a permis à la bande à Mohamed Abdelaziz, sans parler des généraux du DRS (renseignement algérien), de s’offrir sur les ruines de la population séquestrée des villas luxueuses à la Costa del Sol, en Espagne, et des plateaux- bureaux fastueux loués à prix d’or à des multinationales dans les quartiers commerciaux de Nouadhibou et Nouakchott, en Mauritanie.
Une question, pour conclure. Ban Ki-moon avait-il nécessairement besoin de faire ce déplacement à Tindouf ou à Alger à l’heure actuelle ? A-t-il réellement atteint son objectif déclaré de redynamiser le processus de dialogue autour du Sahara ? N’a-t-il pas plutôt compromis ce même processus en mettant les pieds dans le plat algéro-séparatiste ?
Ban Ki-moon ne devait-il pas plutôt se rendre en Israël, Syrie, ou encore au Yémen où des populations entières sont décimées tous les jours que le bon Dieu fait ?
En un mot, le SG de l'ONU s’est trompé d’adresse, et de cause. Et c’est tout à son déshonneur.