“L’objectif aujourd’hui est de procéder rapidement car nous avons perdu beaucoup de temps”. C’est en ces termes que le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, s’est adressé ce 28 avril aux élus membres de la commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants. Cette commission a entamé ce jour-là l’examen du projet de loi relatif à l’usage légal du cannabis. D’après le ministre, ce texte intervient en cette année de pandémie durant laquelle le Royaume “a besoin de toutes les ressources pour la relance.” “Le plus dangereux serait de ne rien faire”, insiste-t-il.
Dans sa livraison du 30 avril, Al Ahdath Al Maghribia rapporte l’intervention d’Abdelouafi Laftit. D’après le quotidien, le ministre de l’Intérieur a défié les membres de la commission, en leur demandant de présenter une seule preuve qui confirme le lien entre le projet de loi relatif à l’usage légal du cannabis et les prochaines échéances électorales. Pour lui, ce texte “n’a rien à voir avec les élections”, mais plutôt “au service du pays”, lance-t-il aux élus de la commission, tout en les défiant de prouver le contraire.
C’est que ce projet de loi, toujours selon le ministre de l’Intérieur, ambitionne seulement d’ouvrir les yeux sur de nouvelles perspectives. “Cultiver la drogue est et restera toujours interdit, personne n’a dit le contraire. Nous ne voulons pas autoriser l’utilisation de la drogue. Mais nous voulons ouvrir une porte pour résoudre plusieurs problèmes. Cela permettra d’offrir de nouvelles perspectives aux habitants de la région,” précise-t-il.
Face aux élus, Abdelouafi Laftit s’est dit “prêt” à “organiser des journées d’études avec les partis politiques” le jour même de son intervention. “Vous aurez tous les chiffres et toutes les projections. Nous ne voulons pas de division autour du projet mais nous voulons fixer un but commun: le développement de la région concernée”, insiste-t-il.
Le parti de la Justice et du développement (PJD) se retrouve une nouvelle fois isolé. Hormis les islamistes, les représentants de tous les autres groupes parlementaires ont appelé lors de cette discussion générale de la commission de l’Intérieur à mettre en œuvre le projet de loi sur l’usage légal du cannabis et plaident pour une amnistie des cultivateurs.
De son côté, Al Massae rapporte dans son édition du 30 avril que la session de débat général autour du projet de loi sur l’usage légal du cannabis a été le théâtre d’une confrontation houleuse entre Abdelouafi Laftit et les députés du PJD. D’après le quotidien, le ministre de l’Intérieur a refusé catégoriquement que le groupe parlementaire du parti dirigé par le chef du gouvernement qualifie l’étude faite par son département de “secrète”. Selon le ministre, “cette loi n’est pas venue de nulle part, des gens ne travaillent que sur ça depuis deux, trois ans. Tous les partis politiques ont déjà reçu l’étude, qui n’a jamais été secrète. Tout le monde a été consulté, nous n’avons rien caché à personne”.