A mesure qu’approchait le 10 juin, date de l’annonce du très attendu déconfinement progressif, les partis politiques, comme d’un commun accord, ont presque tous soumis au chef du gouvernement des propositions pour la gestion de l’après-Covid-19. Le PJD est le dernier en date à rendre public le mémorandum que son secrétariat général a remis au Chef du gouvernement, qui n’est autre que le secrétaire général du parti. Une étrangeté en soi, puisque, en principe, le parti qui dirige le gouvernement se doit de prendre des initiatives au niveau de l’Exécutif et non de se contenter de faire des propositions, commente l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du 12 juin.
Ainsi, avec le PJD, ce sont l’Istiqlal et le PPS, tous les deux partis de l’opposition, qui ont adressé presque simultanément leurs mémorandums à la Primature. L’UC a fait de même. Sans aller aussi loin dans le formalisme, l’USFP a formulé quelques propositions de sortie de crise dans un communiqué, datant de quelques jours plus tôt, du bureau politique. Mais bien avant cette date, en avril déjà, le RNI avait, rappelons-le, ouvert le débat public sur l’après-Coronavirus. Il avait mis en place, à cet effet, une plateforme en ligne qui avait recueilli plus de 1.400 propositions et contributions provenant aussi bien des membres du parti que de simples citoyens. L’opération a pris fin le 20 avril et les contributions recueillies ont été publiées quelques jours plus tard.
Concrètement, le PPS s’est intéressé à la lutte contre la précarité et la pauvreté, la promotion de la justice sociale et la consolidation de l’édifice institutionnel. C’est là, en grande partie, une reprise des thématiques déjà abordées dans le document du parti relatif au nouveau modèle de développement, souligne le journal. Ainsi, selon le PPS, l’État est appelé à «s’acquitter de nouveaux rôles tant sur le plan de l’orientation et de la régulation que sur celui de l’intervention directe pour la production de services sociaux de base accessibles et de qualité et des activités productives ayant un caractère vital et stratégique».
Pour sa part, le parti de l’Istiqlal propose six chantiers pour une «une relance responsable». Dans son mémorandum adressé au chef du gouvernement, le parti propose ainsi un plan de relance responsable à dimension sociétale, qui s’articule autour de six axes stratégiques. Les axes de ce plan se déclinent en six chantiers, portant sur la consolidation de la souveraineté nationale, le renforcement de la cohésion sociétale, le remaniement du système éducatif actuel, la réforme du secteur de la santé, la création d’emplois et la transition écologique.
L’USFP, sans avoir élaboré un document à proprement parler, s’est néanmoins intéressé au sujet de la relance. Ainsi, sur le plan économique, il estime que la loi de Finances rectificative pourrait constituer une occasion pour notamment mettre en place un plan de relance économique qui servira le développement social, la stabilité et la paix sociale. Aussi, la loi de Finances rectificative de 2021 devrait-elle constituer, par la suite, «un véritable point de départ pour des réformes structurelles des finances publiques et du système fiscal». Le parti a par ailleurs appelé à la moralisation de la vie publique et à la lutte contre «les pratiques négatives qui contreviennent aux principes de bonne gouvernance, de bonne gestion et de rationalisation des dépenses publiques».
Toujours dans la majorité, l’UC considère, dans un document adressé également au Chef du gouvernement, que le tourisme figure parmi les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire, plaidant pour des «mesures efficaces» et des «gestes forts» au profit des professionnels du secteur. Le parti appelle à anticiper l’annonce des mesures en vue de permettre aux professionnels de reprendre leurs activités.
Le PJD, chef de file de la majorité, joue également le jeu. Un document paraphé par le bras droit de Saâd-Eddine El Othmani, au nom du secrétariat général, vient d’être remis à ce dernier en guise de contribution du parti à ce débat qu’il a ouvert officiellement sur le Maroc de l’après-Coronavirus. Le parti a proposé ce qu’il considère comme un «plan de relance de l’économie nationale», prenant en considération trois volets. A savoir, les chantiers prioritaires, le soutien de l’offre et de la demande et l’appui aux entreprises et aux opportunités d’emploi. Comme il fallait s’y attendre, note La Vie éco, le parti a versé, globalement, dans les généralités sans avancer vraiment de mesures concrètes. «Nous parlons ici d’un parti qui dirige le gouvernement et dont le patron a accès, il faut le préciser, en sa qualité de Chef du gouvernement, à toutes les données relatives à l’économie nationale et à la gestion des affaires publiques», relève l’hebdomadaire.
Revenant sur les pistes de réflexion suggérées par ceux qui ont réagi à l’initiative du RNI, qu’ils soient membres du parti ou non, l’hebdomadaire a repris une série de propositions déclinées selon leur opérationnalité, que ce soit à court, moyen ou long terme. Dans ces propositions, il est question de réformes économiques, de l’entreprise, de la fiscalité, mais aussi de l’administration et des réformes sociales. Les secteurs de prédilection du parti, la santé, l’enseignement et l’emploi ont également été largement couverts par ces propositions. Cela, en plus, bien sûr, de la promotion de l’industrialisation, de la digitalisation et des énergies renouvelables ainsi que la coopération Sud-Sud en investissant davantage dans «l’alliance stratégique Sud-Sud».