Malgré la légère baisse des prix à la pompe constatée ces derniers jours, la polémique autour des niveaux élevés des prix des carburants, et surtout sur ce que fait (ou pas) le gouvernement pour en limiter l’impact sur le portefeuille des Marocains, n’en finit plus d’enfler. Aujourd’hui, c’est la marche arrière pour laquelle semble opter l’Exécutif concernant l’instauration d’un plafond pour les prix qui fait réagir quasiment l’ensemble des quotidiens arabophones en kiosque mercredi 7 novembre.
C’est le cas, par exemple, d’Al Ahdath Al Maghribia qui revient sur les dernières déclarations de Lahcen Daoudi, ministre délégué en charge des Affaires générales, devant le Parlement où il a annoncé que le gouvernement ne comptait plus publier un décret pour plafonner les prix à la pompe. Cette déclaration intervient près de cinq mois après que le chef de l’Exécutif, Saâd-Eddine El Othmani, s’était engagé à préparer un texte permettant une stabilité des prix des carburants suite aux hausses successives dues, entre autres, au relèvement des marges appliquées par certains distributeurs.
Al Ahdath ajoute que Lahcen Daoudi a justifié la nouvelle décision par le fait que les distributeurs ont anticipé en décidant par eux-mêmes de réduire les prix à la pompe, ce qui était, selon lui, l’objectif recherché par le plafonnement. Pour le ministre, cette dernière baisse serait donc mieux que tout ce que pourrait proposer le gouvernement pour lutter contre le renchérissement des prix des carburants.
Ce sujet fait également réagir Al Massae dans son édition du même jour. Le quotidien fait ainsi remarquer que les déclarations de Lahcen Daoudi contredisent ce qu’avait précédemment annoncé le chef du gouvernement. Pour la publication, c’est là une preuve des perturbations qu’a provoquées ce dossier des hydrocarbures au sein de l’équipe d’El Othmani. Car, au moment où elle s’était engagée à plafonner les prix, l’un de ses ministres, en l’occurrence Lahcen Daoudi, sort aujourd’hui pour annoncer que ce plafonnement n’est plus nécessaire. Il justifie cela par le fait que les distributeurs ont revu à la baisse leurs marges, tout en précisant que la décision d’appliquer, ou pas, ce plafonnement, entre dans le cadre de ses prérogatives et qu’il en assume pleinement la responsabilité. Selon Al Masse, Lahcen Daoudi a toutefois précisé que, si les distributeurs devaient faire marche arrière et revoir encore leurs marges à la hausse, sa réaction ne se ferait pas attendre.
Al Akhbar, qui revient aussi sur cette annonce de Lahcen Daoudi, ne manque pas de préciser que cette volte-face du gouvernement a poussé les parlementaires à accuser l’Exécutif de «mensonges» au peuple à qui «il vend du rêve». Citant des sources anonymes, le quotidien rapporte que la décision de ne pas plafonner les prix découle en fait d’un désaccord, au sein des partis de la majorité, à propos des moyens à même de permettre une régulation du marché des carburants et d'éviter que les Marocains supportent des hausses excessives des prix à la pompe. Et, même si la duplication du modèle belge en matière de gestion de ce secteur avait été présentée, à un moment, comme la solution miracle, elle ne ferait pas l’unanimité parmi les membres du gouvernement. Et tant qu’un accord dans ce sens ne sera pas trouvé, d’abord entre les membres du gouvernement, puis entre les partis de la majorité, les Marocains resteront exposés à de nouvelles hausses des prix des carburants.