L’euphorie qui a accompagné la présentation, lundi 11 septembre, du bilan d’étape du gouvernement n’a pas duré. A peine les chefs de la majorité ont-ils fini leurs discours optimistes et enthousiastes que les députés du PJD se sont empressés de leur gâcher la fête.
En effet, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 14 septembre, le chef du groupe parlementaire du PJD a tenu à exprimer ouvertement ses réserves au chef du gouvernement quant aux engagements que ce dernier a pris au nom du parti.
Ainsi, explique le journal, Driss El Azami El Idrissi, député, maire de Fès et chef du groupe parlementaire du parti islamiste, s’est-il montré très clair: «si l’engagement du PJD dans la majorité gouvernementale suppose que ses députés votent avec la majorité, cela ne les oblige pas à soutenir les positions du gouvernement». En d’autres termes, les députés voteront les projets de loi du gouvernement, mais ne défendront pas sa politique.
Enfonçant un peu plus le clou, le chef du groupe du PJD à la première Chambre a ajouté que «parler d’une parfaite cohésion au sein de la majorité gouvernementale est exagéré. Il ne faut pas duper les gens». Driss El Azami a d’ailleurs quitté la salle très en colère en compagnie de son prédécesseur, le maire de Meknès, Abdellah Bouanou, affirme le journal, sans citer les raisons de cet emportement.
Selon le quotidien qui parle d’une réunion mouvementée entre le chef du gouvernement et les membres du groupe parlementaire, après la cérémonie de la présentation du bilan des 120 premiers jours de l'Exécutif, les députés islamistes n’ont pas non plus apprécié que le représentant de Benkirane à cette cérémonie n’ait pu prendre la parole. Cela d’autant que Abdelouahed Souhail, mandaté par le secrétaire général du PPS également absent, est, lui, intervenu parmi les autres chefs des partis de la majorité.
En réaction, El Othmani a demandé publiquement au secrétaire général-adjoint, et mandataire de Benkirane à cet événement, de prouver le fait qu’il ait été privé de parole sans pour toutefois obtenir de réponse.
Les députés qui ont participé à cette réunion ont également évoqué la question de la charte de la majorité. Afin d’indisposer le chef du gouvernement, ils ont exigé que le document, que Benkirane refuse toujours de signer au nom du PJD, soit paraphé, en public, dans un cadre cérémonial par les chefs de la majorité. Le hic, explique le journal, c’est que ces derniers ont exprimé des réserves à ce sujet.
En effet, les membres de la majorité considèrent que le document a déjà été entériné, de manière informelle, et que cela suffit pour le mettre en œuvre. Mohand Laenser du MP a précisé, en ce sens, que les chefs de la majorité ont convenu de mettre en application la charte, sachant qu’elle a été signée par le secrétaire général adjoint du PJD, Slimane El Omrani, et que son contenu a été discuté au sein du secrétariat général du parti. Ce à quoi les députés islamistes ont rétorqué qu’une telle action ne fait pas partie des prérogatives du secrétaire général adjoint.
Par conséquent, et du point de vue des parlementaires du parti au pouvoir, la charte de la majorité reste inopposable aux partis de la coalition et donc gelée tant que Benkirane ne l’aura pas signée. Le reste de la majorité aborde ce problème sous un autre angle. Pour les autres membres, la signature d’El Othmani qui est tout de même numéro 2 du PJD est suffisante pour engager le parti et le contraindre à respecter ses clauses.