Pastilla sauce gombo, l’autre preuve de la vocation africaine de Mohammed VI

Le360

Revue de presseKiosque360. La tournée africaine du roi continue de polariser l’intérêt des médias internationaux."Jeune Afrique" s’intéresse à un aspect caché de la vocation africaine de Mohammed VI: l’appétence du souverain pour cette partie intégrante de la culture subsaharienne qu’est la gastronomie.

Le 28/11/2016 à 21h25

Sous ce titre appétissant: "Maroc: la pastilla sauce gombo, une recette de Mohammed VI", le magazine Jeune Afrique nous invite à décourvir, sous la plume de son directeur de rédaction François Soudan, un aspect inédit, mais ô combien édifiant de l'enracinement africain du souverain. "Anecdotiques, mais significatifs, les goûts de «Sidna» traduisent bien son appétence pour cette partie intégrante de la culture subsaharienne qu’est la gastronomie", décrypte l'hebdomadaire parisien, spécifiant que le roi a un goût prononcé pour la pastilla sauce gombo, l'une des sauces les plus célèbres d'Afrique de l'Ouest. Elle est aussi connue sous les dénominations de Soupoukandja au Sénégal, Kopé en Côte d’ivoire, Takou en Guinée et existe aussi au Cameroun et dans beaucoup d’autres pays d’Afrique.

"Depuis qu’il a fait embaucher au Palais un cuisinier sénégalais et un autre cuisinier ivoirien, le tiéboudienne et le poulet yassa n’ont plus de secrets pour le roi Mohammed VI", révèle l'éditorialiste de Jeune Afrique.

Une preuve, parmi d'autres, -l'image du roi battant du tambour en Tanzanie en est une-, que l'Afrique est pour Mohammed VI d'abord une affaire de coeur. "Il est un facteur que ceux qu’irrite, et que gêne, l’activisme continental de Mohammed VI ne sauraient lui retirer: ce roi-là aime l’Afrique", certifie Jeune Afrique, à juste titre d'ailleurs. "Chaque fois qu’il se rend dans une capitale au sud du Sahara, M6 fait ce qu’aucun chef d’Etat n’ose ou ne souhaite faire. Il emprunte un véhicule, s’installe parfois au volant et sillonne les quartiers populaires de Dakar, d'Abidjan, de Libreville ou de Kigali, au contact des «vraies gens» et des nids-de-poule, exactement comme il le fait au Maroc", atteste François Soudan.

La préférence marquée du souverain pour les plats "locaux" est telle qu'elle surprend même ses "hôtes africians qui, croyant lui faire plaisir, proposent à la table des dîners officiels couscous, tajine et pastilla"! "Ils en sont d'ailleurs pour leurs frais: le roi ne touche qu'aux plats locaux- avec délectation", fait remarquer François Soudan.

L'éditorialiste y voit "un tropisme charnel qui démontre, s'il en était besoin, que l'afrocentrisme revendiqué du fils de Hassan II ne relève exclusivement ni de l'utilitarisme diplomatico-commercial ni de la volonté de s'affirmer en tant que puissance continentale -même si ces deux deux préoccupations existent-, mais avant tout d'une volonté sincère d'établir un partenariat Sud-Sud et de renouer avec les racines africaines du Maroc".

"Partout où il passe, M6 reçoit un accueil de rock star"Une sincérité royale à toute épreuve envers les pays africains, peuples et dirigeants compris, qui ne font d'ailleurs aucun mystère de leur admiration pour le souverain. "A l’heure des visites éclairs des dirigeants occidentaux en Afrique, lui prend le temps de rester plusieurs jours de suite dans les villes visitées, sans craindre de bousculer le programme initial. Sympathique et… payant en matière d’image : partout où il passe, M6 reçoit un accueil de rock star", relève l'éditorialiste.

Quand le succès du roi dérange... "En douterait-on encore qu’un tout récent éditorial de l’officieux El Moudjahid, qualifiant de «énième manœuvre royale» et de «vaste campagne de propagande» les derniers voyages de M6 et la tenue de la COP22 à Marrakech, suivie d’un Africa Day aux allures de Sommet Maroc-Afrique, vient à point nommé rappeler combien l’Algérie voit d’un œil suspicieux la perspective d’un royaume siégeant à nouveau parmi ses pairs au sein de l’Africa Hall d’Addis Abeba, dès la fin janvier 2017?".

Accusant un "train de retard" par rapport au Maroc, Alger a en effet le réveil tardif, voire brutal, pour peu qu'on médite un tant soit peu sur son agitation actuelle. Un retard d'au moins quinze ans, difficile à rattraper quand on connaît la crise qui secoue le voisin de l'Est, en raison de la chute des cours de pétrole (98% des exportations et 60% des recettes de l'Etat algérien)!

"Aiguillonné par un ministre des Affaires étrangères compétent, Ramtane Lamamra, le réveil de l'Algérie est sur ce plan bien tardif -l'inverse en somme de la situation qui prévalait dans les années 1980 et 1990, quand la diplomatie marocaine sommeillait sur le hamac de ses certitudes alors que son équivalente algérienne vibrionnait de sommets en conférences", relève la publication parisienne.

Alger, le réveil tardif! "Ce train de retard, les autorités algériennes le reconnaissent d’ailleurs implicitement. En annonçant la tenue, début décembre à Alger, de la première édition du Forum africain d’investissements et d’affaires, le président du Forum des chefs d’entreprise et le numéro 2 du patronat algérien ont ainsi plaidé pour la mise en œuvre d’une «stratégie globale pour la présence de l’Algérie en Afrique»", constate-t-il. 

Seulement voilàl C'est "une stratégie que le Maroc a pour sa part définie il y a quinze ans et applique depuis lors". "Le Maroc dispose par rapport à son voisin d’un double avantage en Afrique subsaharienne: il a à sa tête un leader qui voyage, impulse et mouille la jellaba, et un secteur privé depuis longtemps converti à l’afroptimisme et incomparablement plus dynamique", explique l'éditorialiste.

"Reste qu’Alger dispose toujours de quelques cartes –et alliés– susceptibles de contrarier le retour du Maroc au sein de l’UA, même si cette probabilité n’en est plus une, le royaume disposant désormais de plus de voix que le nombre nécessaire (28) pour valider sa réintégration".

L'éditorialiste veut pour preuve de la capacité de nuisance restée à Alger "l’évidente mauvaise volonté de la présidente de la Commission de l’Union, Nkosazana Dlamini-Zuma, notoirement pro-République arabe sahraouie démocratique (RASD)". L'atermoiement de la présidente sortante de la commission de l'UA à diffuser auprès des pays membres les instruments de ratification de la demande marocaine n’est qu’un exemple parmi d’autres". "Deux mois après avoir reçu à New York le document officiel d’adhésion des mains d’un conseiller du roi, la Sud-Africaine ne l’avait toujours pas sorti de ses tiroirs ! Il a fallu que Mohammed VI téléphone au «patron» de cette dernière, le président en exercice de l’UA, Idriss Déby Itno, pour que cette obstruction soit levée. C’était le 31 octobre et, depuis, la distribution a commencé, au compte-gouttes", fait remarquer François Soudan.

Qu'à cela ne tienne! "Le grand retour du Maroc fin janvier paraît acté", indique l'éditorialiste. "La suite, elle, s’écrit en pointillé, puisqu'à la première tentative du royaume et de ses amis d’expulser la RASD de l’UA, l’Algérie et ses proches opposeront le dogme de l’intangibilité des frontières issues de la décolonisation", fait-t-il remarquer. Et de conclure, sur ce ton très significatif: "Il est toujours plus compliqué de réparer une aberratio -et l’absence du Maroc de l’instance panafricaine en est une- que de la commettre…".Cette aberration, espérons-le, sera rectifiée lors du 28ème Sommet des chefs d'Etats africains, prévu en janvier 2017 à Addis Abeba. L'humilité l'exige, l'avenir commun, aussi!

Par Ziad Alami
Le 28/11/2016 à 21h25