Le360 : Que pensez-vous de la faible représentation féminine au sein du gouvernement ?
Khadija Rebbah : N'avoir qu'une seule femme ministre représente un recul flagrant et une atteinte aux droits de la femme. C'était un message fort décevant de la part du gouvernement pour dire que la femme n'a pas les moyens ni les compétences pour occuper des hauts postes de décisions. Ainsi, on assiste à une dégradation de la représentativité féminine en politique, qui considère encore la femme comme un élément complémentaire de l'homme et non pas son égale. Or, ce n'est pas le cas. Si l'on prend, à titre d'exemple, le Printemps arabe, on trouve que la femme était un élément majeur, fort présent, dans toutes les manifestations populaires. Elle a participé à la réforme, mais a ensuite été oubliée et écartée. La femme est la 1ère victime du Printemps arabe.
Ceci est-il dû au fait que le gouvernement est islamiste ?
Non, le gouvernement à majorité islamiste n'a rien à voir. Car il reconnaît le droit de la femme à avoir les mêmes chances que l'homme d'occuper les postes de décisions. Sauf que, comme tous les autres gouvernements, il demande encore du temps, mais nous n'avons plus le temps ! Nous avons besoin de ressentir du changement et vivre du progrès et non pas reculer. L'actuel gouvernement avait promis, et l'avait même inséré dans son programme électoral, de faire de la question de la femme une de ses priorités. Ces promesses ne se sont pas encore concrétisées.
Etablir des quotas serait-il une solution ?
Évidemment ! Tous les pays, à l'échelle mondiale, qui ont eu recours aux quotas ont réalisé de très grands exploits et des avancées notables sur le sujet. Il faut institutionnaliser et constitutionnaliser les principales recommandations internationales en la matière afin de réduire l'écart entre hommes et femmes et permettre à ces dernières de s'imposer.