Le Plan Rawaj 2020 va-t-il faire tomber des têtes parmi les bénéficiaires et les responsables? Cela en a en tout cas bien l’air. Une enquête est actuellement en cours sur le sort des milliards dépensés par l’Etat sur cette stratégie, au moment où des révélations font état de graves dysfonctionnements enregistrés dans le déploiement de cette stratégie depuis son lancement en 2008.
Le quotidien Assabah, qui révèle cette information dans son numéro du mercredi 2 janvier, rapporte ainsi que les inspecteurs du ministère des Finances ainsi que ceux du ministère de l’Industrie et du commerce se penchent actuellement sur ce dossier. Il relève, dans ce cadre, que 32 entreprises ont bénéficié des marchés lancés dans le cadre du Plan Rawaj et ont bénéficié d’une enveloppe de plus de 900 millions de dirhams pour équiper les petits commerces, tandis que des bureaux de conseil devaient leur assurer des formations. Assabah ajoute que des informations font état de la mobilisation de «faux» formateurs pour tenir des sessions au profit des commerçants. Non seulement ces derniers devaient s’acquitter de 5.000 dirhams par personne pour y assister, mais le contenu des formations était loin des objectifs fixés.
De même, concernant les équipements dont étaient censés profiter les commerçants, les inspecteurs en charge de l’enquête ont découvert des cas de surfacturation. Assabah donne ainsi l’exemple de chaises facturées à 750 dirhams l’unité, alors que leur prix réel ne dépasse pas les 250 dirhams.
Selon la même source, les entreprises qui ont remporté les marchés du Plan Rawaj 2020 ont également tiré profit de l’absence de prescriptions qualitatives dans les cahiers des charges qui leur ont été imposés par l’administration.
Autre dysfonctionnement majeur relevé par les enquêteurs: les aides destinées aux commerçants ont en réalité servi pour… du shopping! Plusieurs bénéficiaires ont en effet présenté leur registre de commerce pour bénéficier de la subvention d’équipement de leurs magasins, avant d’utiliser les chèques obtenus dans l’achat de biens pour leur domicile, voire de produits alimentaires.
Ce ne sont là que des exemples des dysfonctionnements qu’a connus cette stratégie dont les pouvoirs publics voulaient faire un dynamiseur du secteur des petits commerces. Au fil de l’enquête, d’autres encore plus surprenants devraient sans doute être révélés au grand jour.