Le Programme alimentaire mondial (PAM) demande 7,9 millions de dollars à titre d'aide à la population de Tindouf pour les six prochains mois, a indiqué le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq, vendredi 2 juin lors de son briefing quotidien. Il a également lu un communiqué sur la situation humanitaire, notamment alimentaire, dans les camps.
Une action humanitaire somme toute louable dont l’ONU a coutume de s’acquitter chaque année. Mais qui n’en reste pas moins sujette à interrogation. La question est de savoir comment les besoins pour le prochain semestre ont été calculés et chiffrés à 7,9 millions de dollars (75 millions de dirhams), entre autres dons sonnants et trébuchants quémandés par la direction du Polisario. L’auteur de cette question, journaliste accrédité auprès de l’ONU, n'avait peut-être pas conscience de frapper là où le bât blesse. Reste que ladite somme de 7 milliards de centimes, sollicitée pour les six prochains mois, ne peut être établie qu'à condition de savoir combien de personnes vivent dans les camps.
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Or, ce n’est un secret pour personne qu’Alger et le Polisario refusent toujours d’autoriser un recensement de la population de Lahmada-Tindouf. «Il s'agit d'un calcul du PAM (Programme alimentaire mondial) en fonction du nombre de personnes auxquelles il sait devoir fournir de la nourriture. Le PAM a été chargé d'un certain nombre de personnes depuis de nombreuses années», a répondu le porte-parole adjoint de l’ONU, qui s’est contenté de renvoyer le journaliste à l’agence du Programme alimentaire mondial. Il est clair que les chiffres disponibles auprès du PAM, ou tout autre agence onusienne, resteront inexacts tant qu’un recensement de la population sahraouie ne sera pas autorisé, comme recommandé par le Conseil de sécurité, dans la résolution 2351.
On comprend bien pourquoi ce recensement continue d’être rejeté par Alger. Cette situation profite évidemment à la direction du Polisario, qui a souvent surestimé le nombre des habitants des camps pour augmenter le volume des aides humanitaires nécessaires sollicitées.
Pour rappel, une enquête de l’Office européen de lutte contre la fraude (OLAF) publiée en 2015 avait épinglé le Polisario pour détournement d’aide humanitaire destinée à la population des camps. Dans ce rapport, l’organisme européen avait même révélé des complicités algériennes avec les trafiquants polisariens de lait et de médicaments pour nourrissons. Ces produits étant souvent bradés sur les marchés de Nouadhibou, Nouakchott, Niamey, Bamako, ou encore d'Alger!