Si un discours prononcé devant la 72ème Assemblée générale de l'ONU devait retenir l'attention, ce serait bien celui qui a été servi, vendredi 22 septembre, par le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. Un chef-d'oeuvre digne de la belle époque sophiste! Le discours, relayé à grand roulement de tambour par l'Agence de presse algérienne, APS, présente en effet un défi à l'entendement. Approximations, contre-vérités et contradictions constituent la quintescence de ce discours ampoulé, où une assertion contredit l'autre au détour de la même phrase, bref un non-sens comme seule Alger peut en produire.
Premier non-sens pour commencer, M. Messahel indique que les principes fondateurs de la politique extérieure de son pays "sont ceux-là mêmes consacrés dans la Charte des Nations unies". Antonio Guterres, SG de l'ONU, en aura certainement ri sous cape, lui qui est bien au fait des tartufferies algériennes. Mais passons, car le chef de la diplomatie algérienne était sérieux en martelant devant une audience médusée cette contre-vérité déconcertante: "Alger respecte l'indépendance et l'intégrité territoriale des Etats, et la non-ingérence dans les affaires étrangères des Etats"!
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Vous avez bien lu: "respect de l'indépendance et de l'intégrité territoriale des Etats et non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats". De qui se moque donc le MAE algérien? Qui au monde l'aurait cru sur ce principe que son pays continue de fouler aux pieds depuis qu'il a obtenu son indépendance en 1962, en soutenant un front de mercenaires, en l'occurence le Polisario, diplomatiquement, financièrement et militairement? Ce soutien ne contredit-il pas, dans la pratique, cette théorique "non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats", le cas échéant celles du royaume du Maroc? De quel droit la "Mecque des révolutionnaires" (et des mercenaires!) se permet-elle de défendre la "partition" d'un autre pays membre de l'Organisation des Nations unies?
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Passons encore, car le MAE algérien ne tardera pas à contredire plus bas ce qu'il a affirmé plus haut: "l’Algérie considère que la question du Sahara occidental, en tant que problème de décolonisation, ne peut trouver son règlement qu’à travers l’exercice, par le peuple du Sahara occidental, de son droit imprescriptible à l’autodétermination»!
Le sacro-saint principe de "non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats" perd son sens dès qu'il s'agit de l'intégrité territoriale du royaume du Maroc, et d'une entité qui n'a d'"Etat" que le nom, le cas échéant la "RASD", qui n'est reconnue par aucune organisation régionale ou continentale, à plus forte raison les Nations unies, celles-là mêmes avec laquelle Alger prétend, du haut de son hypocrisie, partager les mêmes valeurs!
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Autre curiosité servie par le brillant MAE algérien, elle concerne cette fois "les affaires intérieures" de son pays. M. Messahel "a fait part des actions entreprises par l’Algérie pour la promotion des droits des femmes et de leur autonomisation ainsi que pour la prise en charge des jeunes, notamment à travers la Constitution algérienne amendée en 2016", a-t-il gloussé, sans réaliser peut-être le ridicule de son délire klaxonnant. Mais plus ridicule encore, est cette inénarrable prétention: "les prix obtenus par l’Algérie au niveau de l’Union africaine ainsi que les différents rapports et études d’organisations régionales et internationales ont apporté un témoignage fort éloquent quant à ces développements positifs". Amnesty international et Human Rights Watch, pour ne citer que ces deux ONG internationales de défense des droits de l'Homme, seraient tombées du ciel!
Relevée dans la bouche du MAE d'un régime passé champion dans le piétinement des droits les plus élémentaires du peuple algérien frère, toujours en pâture à l'une des pires dictatures au monde, cela ne devrait pas étonner. Le ridicule ne tue pas, dit un dicton consacré. Et si tel était le cas, le luxueux club des Pins, QG des apparatchiks algériens, à Alger, serait certainement jonché de cadavres!