Dans sa livraison du 14 janvier, et au cœur de sa Une, le quotidien Al Akhbar titre «les rebellés contre Laenser se préparent au « départ » du Mouvement populaire avec un amendement de la loi sur les partis». En un mot, les frondeurs ne veulent pas repartir du MP bredouilles.
Ne pas repartir bredouillesLes textes de loi étant ce qu’ils sont, explique Al Khabar, les dissidents pourraient bien être privés de l’appui du parti s’ils se présentent aux prochaines élections. La nouvelle escalade est l’introduction par le mouvement réformateur au sein du MP d’une proposition de loi visant à amender l’article 20 de la loi sur les partis et d’une autre visant la révision de l’article 8 de la loi organique réglementant l’élection des conseils des collectivités territoriales. Le premier amendement vise à permettre à ces élus de se présenter à titre indépendant. Cette double démarche est en fait le prélude à un exode massif du parti de l’Epi pour protester contre la gestion unilatérale menée par le duo Mohand Laenser-Halima Assali, membre du bureau politique et belle-mère de Mohamed Ouzzine.
Action devant le Tribunal administratifCette dernière, surnommée par la presse la Dame de fer du parti, tient entre ses mains, et dans les coulisses, toutes les ficelles du parti, écrit Al Akhbar. Last but not the least, Abdelkader Tatou, membre du même bureau dont les fonctions ont été gelées, a intenté une action auprès du Tribunal administratif pour invalider cette décision. Al Akhbar explique que les frondeurs souhaitent trouver un moyen légal de se présenter aux prochaines élections si la direction les prive de son accréditation. Les propositions signées par le chef du groupe haraki à la Chambre des députés sont de l’avis de leurs auteurs légitimes. Ceux-ci mettent en avant le fait que les dispositions actuelles visent à lutter contre le phénomène de transhumance. Ils estiment que le discours et la pratique ont changé.
Abus du pouvoir d’accréditationAu lieu de choisir le bon candidat à la bonne place, on a commencé à abuser du pouvoir d’accréditation qui obéit désormais à des critères de clientélisme et d’obédience. Les porteurs des deux propositions de loi estiment que ces textes sont en ligne avec les dispositions de la Constitution notamment l’article 61, préconisant que ce texte enlève la qualité d’élu aux députés et aux conseillers mais pas aux élus locaux et régionaux. Sentant le vent tourner en sa défaveur, le MP a choisi lui d’anticiper. Al Massae rapporte en Une que la direction du parti cherche à convaincre Abdelilah Benkirane de procéder à un remaniement ministériel qui permettra au premier de redorer son blason éclaboussé par le scandale du Stade Moulay Abdallah tout en gardant les mêmes départements. Une information qui se recoupe avec les propos du Chef de gouvernement lors du dernier Conseil national du PJD.
Remaniement imminent?Selon des sources proches du dossier, le remaniement concernera Abdeladim El Guerrouj et Mohamed Moubdie. Le premier avait fait les choux gras de la presse avec une facture salée pour l’achat de chocolats, le second pour avoir fait une sortie inopinée et irresponsable dans l’affaire Ruby. En agissant de la sorte, la direction du parti cherche à absorber la vague de mécontentements qui secoue le parti de l’épi. Les contestataires reprochent à Mohand Laenser d’avoir privilégié la logique des interventions et des obédiences au détriment de l’aptitude et de la compétence. Parmi eux, figurent de grandes pointures qui cherchent à corriger les erreurs commises lors de la répartition des portefeuilles qui ont échu au Mouvement populaire. Avec la nucléarisation de la scène politique, ce genre de problèmes auraient été réglés dans le cadre d’une démocratie partisane, mais… Ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence par soi-même ?