Pour la secrétaire générale du PSU, la France est le pays le plus à même de comprendre la légitimité et le droit du Maroc à parachever son intégrité territoriale. Dans une interview accordée au quotidien Assabah, dans son édition du week-end des 23 et 24 septembre, Nabila Mounib affirme que ce pays adore jouer au jeu des intérêts, rechignant à reconnaître au Royaume son droit légitime.
Pour la secrétaire générale du PSU, également députée parlementaire, les relations entre le Maroc et la France sont passées par plusieurs étapes qu’on peut résumer en deux temps. La France est ainsi passée d’un État colonisateur à un État qui garde encore des intérêts au Maroc et veille à les préserver, au point de considérer le plus souvent le Royaume comme son pré-carré. Jusqu’à une date relativement récente, les deux pays se sont adaptés à cette situation quelque peu normalisée.
Ce n’est plus le cas. Pour le Royaume, il y a eu une accumulation de différends. Le premier porte sur son intégrité territoriale. La position de la France sur la question du Sahara est caduque par rapport à plusieurs autres pays occidentaux, y compris ses voisins immédiats. Il faut aussi mentionner la crise des visas et des affaires dans lesquelles le Maroc estime que la France a agi avec arrogance, jusqu’à insulter certaines de nos institutions. Il y a eu aussi l’affaire Pegasus dans laquelle les médias français ont joué un sale rôle. Tout comme, d’ailleurs, les coups portés par le Parlement européen au Maroc sur instigation de Paris.
Cela dit, dans les relations du Maroc avec la France, le Sahara reste la question centrale. Au moment où le nombre des États qui se sont rangés du côté du Maroc ne cesse d’augmenter, le Royaume attend de la France un pas en avant. Au lieu de cela, cette dernière continue de faire les yeux doux à l’Algérie pour des raisons évidentes, à leur tête le gaz et le pétrole. Il faut reconnaître, toutefois, que la reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara n’arrange plus la position de la France qui a toujours joué sur les deux cordes. Partant de là, si la France, poursuit la secrétaire générale du PSU, agit aujourd’hui selon ses intérêts, le Royaume est en droit de faire de même.
Invitée à commenter le message adressé par le président Macron aux Marocains, Nabila Mounib affirme qu’Emmanuel Macron sera sans doute le dernier président français à prendre de haut les pays et les peuples africains. En effet, la France a désormais à faire à une nouvelle génération en Afrique, la génération de l’IA, des réseaux sociaux et de la révolution technologique. Une génération qui n’a pas vécu, ni connu la période de l’occupation et du colonialisme. Une génération qui est capable de relire son histoire avec sérénité et qui est rompue au langage des intérêts. Dans tous les pays d’Afrique, cette génération n’admet plus d’être regardée de haut, avec condescendance.
C’est pour cela que le président Macron a commis des erreurs diplomatiques fatales. Des erreurs qui ont eu pour effet de déclencher une série de protestations dans plusieurs pays qui font partie des anciennes colonies de la France. Selon la députée, le président Macron est sans doute le premier à être interloqué, voire sidéré, par cette réaction des peuples africains à laquelle il ne s’attendait sans doute pas.
Il faut dire, conclut la secrétaire générale du PSU, que face à un Maroc fort de sa présence dans une multitude de pays africains, de son niveau de développement, de la diversification de ses partenaires étrangers mais aussi des multiples opportunités qu’offre la mise en œuvre de la nouvelle charte de l’investissement, la France sera amenée un jour ou l’autre à revoir ses calculs dans sa relation avec le Royaume.